Dernière mise à jour: 16 décembre à 12h40
Selon un rapport de l’Institut de recherche indépendant CD Howe, Laval fait figure de cancre en matière de transparence budgétaire.
Elle récolte la pire note (F) attribuée par les auteurs de l’étude From A to F: Grading the Fiscal Transparency of Canada’s Cities, 2019, publiée le 10 décembre.
Évaluée en fonction de la clarté et l’exhaustivité des données financières présentées dans son budget municipal et ses états financiers, la Ville de Laval termine au dernier rang d’un classement formé de 31 grandes municipalités canadiennes, ex-aequo avec les municipalités de Québec, Longueuil, Windsor, London et Durham.
Par exemple, on estime que les contribuables seraient à même de mieux évaluer un budget municipal si celui-ci était présenté non pas en fonction des projections budgétaires de l’année précédente, mais bien des dépenses réellement engagées.
Notons que l’an dernier, l’administration lavalloise avait obtenu la note de «D», ce qui lui avait valu le 18e rang à égalité avec 4 autres villes au cumul des 9 critères d’évaluation.
Cette année, c’est Vancouver qui enlève la palme avec un A+. Montréal obtient un C+.
La Ville réagit
«Globalement, nous respectons les normes comptables, les exigences du ministère des éAffaires municipales et de l’Habitation en matière d’information à divulguer et nous veillons à offrir des documents détaillés pour favoriser la compréhension et la transparence quant aux informations communiquées annuellement», a réagi par courriel l’administration Demers.
Quant à l’étude proprement dite, on émet certaines réserves comme le fait qu’elle «privilégie le regroupement des dépenses d’opération et d’investissement afin de comparer les objectifs et résultats».
La Ville y voit plutôt «deux réalités distinctes qui doivent être analysées séparément».
Elle explique: «Le budget d’opération (les revenus moins les dépenses) donne des informations financières sur les services à rendre aux citoyens à court terme pour la période des prochains 12 mois. La construction d’infrastructures se réalise sur une période beaucoup plus longue pouvant s’échelonner sur 12 à 36 mois. Or, si dans le premier cas, des comparaisons sur une base annuelle s’avèrent pertinentes pour évaluer l’évolution des services rendus, il en est tout autrement pour la réalisation des infrastructures.»
Par ailleurs, la Ville fait remarquer que par souci de transparence, le document du budget disponible en ligne dans sa version intégrale contient des informations additionnelles, telle que l’évolution des effectifs de la Municipalité, qui ne sont pas considérées dans l’étude de l’Institut CD Howe. «Nous sommes pourtant l’une des rares Villes à présenter cette information année après année», précise-t-on.
Cela dit, l’administration Demers fait valoir qu’elle «tente chaque année d’améliorer l’exercice budgétaire» et qu’en ce sens, «des études comme celle de CD Howe font partie de l’analyse globale».
Autre son de cloche
Tout autre son de cloche du côté de l’opposition officielle qui interprète les résultats de ce rapport de l’Institut C.D. Howe comme un constat à l’effet «que l’administration Demers veille à ce que les finances de la Ville demeurent des plus opaques».
Dans un communiqué publié le 13 décembre, le conseiller de Parti Laval dans Fabreville, Claude Larochelle, déclare: «Rien n’est fait pour aider à notre compréhension. Il y a un grand manque d’information et quand on pose des questions, les réponses sont évasives et nébuleuses […] Est-ce que le maire s’attend vraiment à [ce] qu’on vote en faveur d’un budget d’un milliard de dollars les yeux fermés?»
Il ajoute que le budget des dépenses d’opération en 2020 est en augmentation de 96,1 M$, soit une hausse de 13,8% par rapport aux états financiers vérifiés de 2018. «Ce rythme de croissance annuelle de près de 7 % est alimenté par la surtaxation des Lavallois», s’insurge-t-il.