Selon l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées de Laval (AQDR), les familles ont toutes les raisons de s’inquiéter et de s’opposer au transfert de leur proche vers le nouveau CHSLD, réalisé en partenariat public-privé (PPP), qui ouvrira ses portes le 4 novembre prochain.
L’AQDR a vivement réagi, le 27 juin, à la nouvelle parue, la veille, à la une du Courrier Laval, à l’effet que des familles étaient sous le choc.
Au cours de la semaine du 17 juin, le Centre de santé et de services sociaux de Laval a tenu des rencontres dans quatre CHSLD privés non conventionnés pour y annoncer qu’une centaine d’usagers «en transition» seraient appelés, à l’automne, à déménager dans un nouveau centre d’hébergement de soins de longue durée.
«L’AQDR Laval ne peut que s’élever contre le fait qu’on continue de déménager les personnes au lieu de rendre tous les services dont elles ont besoin là où elles sont», écrit-elle, tout en dénonçant «un manque de respect flagrant envers les aînés les plus vulnérables de notre société».
À cet égard, l’Association corrobore les propos exprimés par la présidente du comité des usagers à la Villa Les Tilleuls, Sylvie Trottier, selon lesquels le simple fait de changer de milieu de vie provoque chez les personnes en grave perte d’autonomie ou atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de démence une dégradation brutale de leur état déjà précaire.
Lettre au ministre
Dans un courriel adressé au ministre de la Santé et des services sociaux, le 27 juin, la fille aînée d’une résidente de L’Eden de Laval, atteinte de la maladie d’Alzheimer et visée par le transfert, dénonce la situation.
«Lorsqu’un système décide du sort de quelqu’un sans le consulter, alors on enfreint à ses droits et libertés en tant que personne», fait valoir Diane Duval, soulignant qu’elle avait été mise devant le fait accompli, le 19 juin.
Même son de cloche du côté de Michel Guérette, qui dément l’information à l’effet que toutes les familles étaient au fait de la «situation transitoire» de leur proche.
«Ma mère atteinte d’Alzheimer est placée au Pavillon de la Rive depuis avril sous la promesse qu’elle finirait ses jours à cet endroit. Nous avons accepté ce placement que pour cette raison», affirme-t-il dans un courriel, également reçu le 27 juin, où il précise que l’état de santé de sa mère a périclité depuis son admission au Pavillon de la Rive.
Il ajoute que toutes les familles rencontrées, le 18 juin, s’opposent aux transferts annoncés.
Présidente du comité des usagers du CHSLD de la Rive, Martine Lavallée craint pour sa part que cette décision administrative ait non seulement des conséquences auprès des 34 usagers transférés, mais également auprès des autres résidents, principalement en raison des changements qu’entraînera la réorganisation de ce centre d’hébergement, qui se trouvera soudainement privé de 40 % de sa clientèle actuelle.
Minimiser les transferts
Chef du Service des communications du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval, Mathieu Vachon rappelle que «l’objectif est de réduire les transferts au minimum» et quele Centre «fera preuve de souplesse et d’empathie» envers les usagers et leur famille.
«Les gens aux soins palliatifs et les gens qui sont très âgés ne seront pas déplacés, assure-t-il. On ne séparera pas les couples non plus.»
Cela dit, M. Vachon persiste et signe: la centaine de personnes visées par le transfert vers le futur CHSLD étaient tous en situation transitoire, dans l’attente qu’une place se libère dans le centre d’hébergement correspondant à leur premier choix.
Par ailleurs, le porte-parole justifie la décision d’avoir attendu au mois de juin pour communiquer aux familles la nouvelle du transfert, en évoquant un taux de roulement naturel de 30 % par année des clientèles des CHSLD.
«On le voit, ça crée de l’incertitude et de l’angoisse chez certaines personnes», mentionne-t-il à juste titre. Il aurait ainsi été mal avisé d’informer une centaine de personnes d’un éventuel transfert dont «au moins la moitié n’aurait pas eu à vivre», ajoute-t-il.
D’ici le 4 novembre, le CSSSL va tout faire en son possible afin que les usagers puissent obtenir leur transfert dans le CHSLD qu’ils avaient initialement identifié comme leur premier choix.
Cela inclut bien sûr les places publiques dites permanentes dans les résidences privées que sont notamment la Villa Les Tilleuls, la résidence l’Eden de Laval, le Pavillon de la Rive et la Villa Val-des-Arbres, tous quatre affectés par les transferts annoncés.
Incidemment, 19 des 34 usagers du CHSLD de la Rive, dont le transfert est prévu à l’automne, sont sur la liste d’attente pour une place publique à ce même centre d’hébergement.
À la Villa Les Tilleuls, des 25 personnes appelées à être transférées, elles sont au nombre de 17 présentement en attente d’une des 19 places publiques permanentes à cette résidence du quartier Auteuil.