Le 30 juillet marquait la 10e journée mondiale contre la traite des personnes.
En solidarité avec toutes les victimes et survivantes de traite à des fins d’exploitation sexuelle, la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) tient à rappeler que la traite existe en grande partie parce que les trafiquants d’êtres humains cherchent à répondre à la demande des clients de la prostitution. C’est la demande des acheteurs d’actes sexuels qui crée la traite et ce sont eux les principaux auteurs de violence envers les femmes et les filles en situation de prostitution.
La prostitution est une cause et une conséquence de la violence envers les femmes et les filles.
Les situations de prostitution sont liées entre autres aux inégalités économiques, à la colonisation, la guerre, la destruction des écosystèmes et les déplacements forcés. C’est ce qui ressort du rapport déposé à l’ONU par Reem Alsalem, rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles lors d’une rencontre du Conseil des droits humains, le vendredi 21 juin.
La rapporteuse de l’ONU souligne notamment que l’expression «travail du sexe» n’est pas fondé en droit international.
Modèle
En normalisant le système prostitutionnel comme moyen de subsistance et de survie, la société accepte que les femmes et les filles les plus marginalisées soient sur-représentées dans la prostitution.
Cette normalisation légitime la violence et l’exploitation qu’elles subissent. Selon le rapport de Reem Alsalem pour mettre fin à la violence des acheteurs de sexe et des proxénètes, les gouvernements devraient mettre en application le modèle Égalité adopté par la Suède en 1999 puis par une dizaine d’autres pays à travers le monde au cours de la dernière décennie.
Ce modèle législatif criminalise les clients et les proxénètes tout en garantissant la décriminalisation des femmes en situation de prostitution, en plus de leur offrir du soutien pour sortir de cette industrie.
Au Canada
Tout comme ces autres pays, le Canada a une loi qui s’inspire du modèle suédois.
Néanmoins, pour suivre les recommandations de la rapporteuse de l’ONU, le Québec et le Canada doivent désormais s’assurer que les survivantes ont accès aux services d’aide à la sortie de la prostitution.
«Il est temps de reconnaître le fait qu’il n’y a pas de bonne prostitution, affirme Jennie-Laure Sully, coordonnatrice à la CLES, par voie de communiqué. Les États qui normalisent ou banalisent la prostitution risquent de se rendre complices de proxénétisme.»
Pour la CLES, un changement de mentalité et des pratiques favorables à la protection des femmes et des filles s’imposent pour faire advenir une société plus égalitaire. (C.P./IJL)