«Je défends vigoureusement mon droit d’intervenir sur les sujets qui préoccupent les citoyens que je représente», rétorque-t-il à Me Vincent Piazza, l’avocat représentant les promoteurs à la tête du projet des tours de 28 étages sur le site de la marina Commodore.
Dans sa lettre, datée du 31 octobre, M. Bureau-Blouin invite d’ailleurs l’avocat «à être prudent dans [ses] communications futures à l’endroit des membres de l’Assemblée nationale du Québec, en particulier en ce qui a trait à leur liberté d’expression et aux échanges qu’ils entretiennent avec leurs concitoyens».
Lettre juridique
Par la voie de leur procureur, Aldo Construction et Construction Lafleur réagissaient, le 4 octobre, à une lettre d’appui que Léo Bureau-Blouin avait transmise au regroupement citoyen Pas de tours dans ma cour.
«Essentiellement, ce mot disait que je partageais plusieurs préoccupations des citoyens et je les invitais à s’adresser à leurs élus et aux différents candidats qui, à l’époque, étaient en campagne électorale pour voir de quelle façon leurs préoccupations pouvaient être entendues», explique le député à propos de sa lettre datée du 16 septembre.
À cet égard, Me Piazza lui reproche d’alimenter des «attentes irréalistes» auprès des citoyens opposés au projet.
Le 4 octobre, il écrit à M. Bureau-Blouin: «Vous n’êtes pas sans savoir que le résultat des élections municipales de novembre n’aura aucune incidence sur la réalisation du projet de nos clientes. Le projet est conforme à la réglementation applicable et quoi que puissent penser les politiciens, qu’ils soient conseillers municipaux ou députés à l’Assemblée nationale, la seule manière d’empêcher la construction du projet de nos clientes est de [les] exproprier.»
Toujours selon Me Piazza, dans le cas d’une expropriation, l’indemnité que Ville Laval devrait alors verser aux promoteurs se chiffrerait minimalement à 160 M$, soit la valeur estimée du projet.
Craintes légitimes
En réponse à cette lettre, qui ne relève pas de la mise en demeure, Léo Bureau-Blouin persiste et signe.
«Plusieurs craintes exprimées par les citoyens sont légitimes», fait-il valoir à Me Piazza, citant au passage les impacts sur la circulation et la vie de quartier, l’accès limité aux berges, la rupture avec l’architecture environnante et l’ombre créée sur plusieurs résidences avoisinantes.
Le député enchaîne, soulignant que les citoyens du secteur souhaitent un développement harmonieux de leur quartier et pouvoir s’exprimer librement sur la chose.
«Je vous invite à entrer en contact avec ces citoyens et à répondre à leurs questions. Vous pourriez ainsi envisager des solutions et des compromis qui augmenteraient l’acceptabilité sociale du projet de votre client», suggère-t-il.
Courage salué
Dans un communiqué publié le 13 novembre, le mouvement Pas de tours dans ma cour dénonce l’attitude du promoteur qui «s’acharne contre les élus à coups d’intimidation», estime-t-il.
On y évoque les mises en demeure contre l’ex-mairesse Martine Beaugrand et la conseillère municipale Michèle des Trois Maisons, le 14 août dernier.
La première sommation faisait suite à l’engagement pris par la mairesse, le 5 août, de revoir les projets de tours d’habitation au pourtour de l’ancienne marina Commodore, avant de délivrer le moindre permis.
Dans les jours qui ont suivi, la Ville annulait l’assemblée citoyenne que la mairesse devait tenir en marge du projet du Commodore sur la marina et Mme Beaugrand n’a jamais plus commenté le controversé projet.
Toujours le 14 août, trois aspirants à la mairie de Laval et un candidat au poste de conseiller municipal avaient reçu un avis à l’effet que le promoteur n’écartait pas d’éventuels «recours judiciaires (…) pour les propos diffamatoires et préjudiciables» qu’ils auraient tenus à l’égard du projet.
«Dès le départ, au lieu de s’entretenir avec les élus et les citoyens préoccupés par une rencontre et des occasions de dialogue, le promoteur a choisi la voie de l’intimidation», déplore le regroupement citoyen Pas de tours dans ma cour.
Celui-ci «salue le courage» de Léo Bureau-Blouin et assure qu’il poursuit ses «efforts auprès de la nouvelle administration municipale pour aller au fond des choses».