La perte d’un emploi ou la réduction des moyens financiers en raison de la COVID-19 peuvent avoir des répercussions psychologiques sur les parents d’une famille. Il ne faudrait toutefois pas oublier les enfants qui sont aussi à risque de vivre une période difficile.
«Même s’il s’agit d’une grosse adaptation pour tout le monde, les enfants ne vivent pas tous la crise de la même façon», explique Audrey Fortin, intervenante jeunesse à l’Association lavalloise de parents et amis pour le bien-être mental (ALPABEM).
Par exemple, des jeunes peuvent se retrouver dans une famille où la mère monoparentale doit continuer de travailler malgré leur présence à la maison. «Dans ces situations, les enfants sont quelque peu laissés à eux-mêmes, poursuit-elle. Cela peut amener de l’ennui, du stress ou de l’anxiété.»
Ceux-ci peuvent également être influencés par le stress vécu par les parents. «Les enfants sont de petites éponges lorsqu’on parle de ressenti émotionnel, souligne Isabelle Gagnon, psychologue à la Clinique de psychologie familiale des Mille-Îles. Même si on ne parle pas devant eux lors des situations impliquant un stress, ils restent quand même sensibles et peuvent mal interpréter l’émotion.»
L’adulte doit donc faire sa part et s’assurer de prendre soin de soi. Mme Gagnon utilise l’exemple du masque à oxygène lors des consignes d’urgence dans l’avion: le parent doit s’occuper de lui-même avant de pouvoir aider adéquatement l’enfant.
École
La fermeture des écoles peut aussi affecter les enfants psychologiquement, que ce soit de façon positive ou négative.
«Plusieurs jeunes ont une problématique avec l’école, note Isabelle Gagnon. S’ils ont des problèmes de comportement ou d’apprentissage, ils ont l’impression que le facteur de souffrance est temporairement en pause.»
Pour d’autres, l’école avait un effet sécurisant, car il permettait d’avoir une routine et, parfois, de s’éloigner de la maison où il y avait des différends entre les membres de la famille.
«Le fait de perdre tout cela peut être difficile, ajoute quant à elle Audrey Fortin. L’enfant ne voit plus ses amis et est coupé d’un cadre de référence. Il y a un certain « deuil » à faire et c’est une grosse période d’adaptation pour eux.»
Pour les aider dans cette épreuve, il est conseillé de créer une forme de routine à la maison. Celle-ci doit être flexible, car elle sert surtout à rassurer les plus jeunes et leur permettre de prendre certaines habitudes.
Réseaux sociaux
Plusieurs parents profitent du temps de qualité qu’ils ont avec leurs enfants pour partager diverses tâches qu’ils ont eu la chance d’accomplir depuis le début de cette période de confinement sur les réseaux sociaux.
Ces plateformes permettent aussi à plusieurs jeunes de rester en contact, notamment en réalisant des appels vidéo.
Toutefois, il est recommandé de faire preuve de précaution avec celles-ci. En effet, elles peuvent devenir un facteur qui met davantage de pression sur les épaules des parents qui souhaitent suivre la vague sociale. «Comme les interactions augmentent, une nouvelle forme de pression nous poussant à être productifs peut être ressentie, explique Isabelle Gagnon. Il faut plutôt concentrer un maximum d’efforts à prendre soin de nous en cette période difficile.»
Répondre aux questions
La meilleure façon de soutenir les jeunes tout au long du confinement est de répondre à leurs questions. Cela semble simple, mais peut avoir un effet bénéfique.
«Certains parents ont peur d’en dire trop, mais c’est important de le faire, car les enfants se font souvent leurs propres conclusions, souligne Audrey Fortin. Il faut s’assurer de leur compréhension et respecter leur rythme. La meilleure façon est de vulgariser en donnant des exemples avec des choses concrètes.»
Elle cite l’exemple des symptômes de la COVID-19 qui peuvent être comparés à d’autres maladies, telles que la grippe.
Mme Gagnon est du même avis. «Il faut s’asseoir avec eux, ajuster leurs perceptions erronées et répondre à leurs questions. Chaque enfant est différent, donc aucun d’entre eux n’aura nécessairement le même besoin, ni le même questionnement.»
Plusieurs ressources ont été créées pour venir en aide aux parents qui auraient plus de difficultés à vulgariser le tout. Télé-Québec a notamment lancé une série de capsules expliquant la COVID-19 aux enfants.
Les parents peuvent aussi contacter des organismes comme Tel-jeunes, ALPABEM et LigneParents pour être assistés dans diverses situations.