Le maire Stéphane Boyer et Nel Ewane, régisseur au développement social de la Ville de Laval, sont catégoriques, qu’ils soient 50 ou 1500, les gens fuyant la guerre en Ukraine ne seront pas laissés à eux-mêmes s’ils trouvent asile sur l’île Jésus.
«À Laval, nous souhaitons avoir une approche de collaboration avec les organismes communautaires et partenaires sur le territoire, dont le CISSS, d’expliquer Stéphane Boyer. Donner un nouveau chez-soi à une famille demande l’implication de beaucoup de personnes.»
Le maire de Laval sait que les futurs ressortissants ou réfugiés n’auront pas prévu changer de pays à court terme et arriveront avec peu de bagages, sans planification.
«On devra donc combler l’ensemble de leurs besoins», affirme Stéphane Boyer.
«Je n’exclus pas la possibilité de louer des hôtels. On en a plusieurs sur le territoire avec des chambres vides en raison de la pandémie. On pourrait donner un toit temporaire à quelqu’un, tout en aidant l’industrie touristique»
– Stéphane Boyer, maire de Laval
Acteurs sollicités
Nel Ewane rappelle d’entrée de jeu que Laval demeure la seconde plus importante terre d’accueil au Québec, après Montréal, pour les nouveaux arrivants.
Également, Laval fait partie des 14 villes québécoises identifiées par le gouvernement provincial pour accueillir des personnes réfugiées.
Il souligne que dans la région, quatre organismes communautaires sont mandatés par le ministère de l’Immigration, dont le Carrefour d’intercultures de Laval qui devrait être le principal pivot pour l’accueil de ressortissants/réfugiés dans un premier temps.
Petit Espoir (amélioration de la qualité de vie citoyenne), Carrefour Jeunesse Emploi (intégration au marché de l’emploi) et Perspective Carrière (aide à l’emploi) sont les autres organismes pouvant être appelés à jouer un rôle dans l’accueil et l’inclusion des citoyens fuyant l’invasion russe en Ukraine.
«La stratégie d’accueil que nous mettons en place, nous en avons déjà eu l’expérience avec les réfugiés syriens, de continuer Nel Ewane. Nous visons à mobiliser tous ces partenaires, sans oublier les Centre de services scolaire et Centre intégré de santé et de services sociaux, ainsi que Services Québec et Laval économique.»
Ayant identifié les différentes ressources clefs, la Ville de Laval se considère prête pour ses premiers ressortissants ukrainiens, afin de régler les questions de logement, d’inscription des enfants à l’école, de différentes démarches administratives et d’intégration à la vie collective (infrastructures municipales disponibles).
Attente incertaine
«Pour le moment, c’est difficile de savoir combien de personnes vont venir à Laval, car les gens peuvent arriver par différents programmes du gouvernement fédéral», observe Stéphane Boyer.
Sachant que le Canada possède une grande diaspora ukrainienne, mais principalement concentrée dans les prairies, il est d’autant hasardeux de prévoir l’ampleur de l’exode au Québec et à Laval.
«Il y a tout de même 2300 personnes d’origine ukrainienne à Laval, donc on a une petite communauté qui pourrait rapatrier de la famille ou des connaissances», de spécifier le maire.
Pour Nel Ewane, tout dépend de l’autorisation de voyage d’urgence, au fédéral, et du parrainage de réunification familiale, au provincial.
N’empêche, Stéphane Boyer précise que des Lavallois d’origine ukrainienne se sont déjà proposés pour faire de la traduction et que des entreprises ont indiqué être prêtes à donner des emplois.
À Pont-Viau, un syndic de copropriétaires a aussi levé la main pour offrir de l’aide, disposant d’une capacité de quelques 150 unités locatives.
L’exemple syrien
Par le passé, Laval a déjà eu l’expérience d’une vague de réfugiés lors de l’exode du peuple syrien vers des terres d’accueil.
La première vague avoisinait les 1500 personnes, en 2015, «qu’on a pu accueillir dans un laps de temps relativement court, ce qui démontre une bonne capacité d’action sur le terrain», de préciser le maire Boyer.
Dès 2016, le nombre de réfugiés syriens augmentait sensiblement alors qu’aujourd’hui, Laval compte 6200 personnes d’origine syrienne, dont 2100 sont nées sur l’île Jésus.
Sinon, depuis la création de l’adresse courriel benevoles-mesures-urgence@laval.ca, un point de contact unique pour répondre aux demandes de la communauté lavalloise liées à la situation en Ukraine, environ 160 messages ont été reçues.
Ces derniers «traitent principalement de dons (vêtements, meubles, matériel informatique, denrées, etc.), d’hébergement et d’offre de bénévolat (aide de toute sorte, saisie de données, transport)», de spécifier Yanick Déry, attaché de presse au cabinet du maire.
«On ne sait pas s’ils seront 40, 500 ou 2000 [Ukrainiens], mais quand on le saura, on va s’ajuster», de conclure Stéphane Boyer avec conviction.