(Mise à jour: 6 décembre, 10h45)
Au palmarès des pires Municipalités de la province en matière de déversements d’eaux usées dans la nature, Laval figure parmi les derniers de classe.
Fondation Rivières, qui dévoilait le mois dernier son classement 2021, a évalué plus de 700 villes selon l’indice d’intensité des déversements par habitant, un indicateur permettant de ramener les capacités d’ouvrages de surverse sur une échelle commune aux fins de comparaison.
En tenant compte du débit de conception des stations d’épuration, de la taille des ouvrages qui débordent et de la durée de chacun de ces déversements, la Fondation arrive à comparer avec justesse les municipalités entre elles, voire tenir un palmarès des villes les plus et les moins performantes en termes d’assainissement des eaux usées.
9e rang centile
En se classant 65e sur 726, Laval occupe le 9e rang centile du palmarès québécois.
En comparaison, Montréal arrive au 184e échelon, ce qui lui vaut le 25e rang centile.
Parmi les 10 grandes villes, seules Trois-Rivières, Longueuil et Lévis font pire que Laval.
Voilà ce que révèle l’indice d’intensité des déversements par habitant, dont la méthode de calcul – développée il y a quelques années par la Fondation Rivières – a été dûment testée et éprouvée.
1219 surverses
L’an dernier, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a recensé 1219 débordements sur le territoire de l’île Jésus, équivalant à 3,3 rejets d’eaux usées dans l’environnement par jour.
Ces déversements ont été enregistrés sur l’ensemble des 150 ouvrages de surverse qui complètent le réseau lavallois d’assainissement des eaux, lesquels agissent tels des disjoncteurs pour protéger les trois stations d’épuration contre les surcharges d’eau.
Rappelons que la grande majorité des déversements surviennent lors de fortes pluies ou en période de fonte des neiges alors que le débit excède ce que le réseau d’égout est capable d’absorber.
Au palmarès où les premiers sont les derniers, Laval se classe 6e quant au nombre de débordements, devancée par Québec, Saguenay, Shawinigan, Sherbrooke et Trois-Rivières.
Du côté des villes de plus de 100 000 habitants, Terrebonne est celle qui affiche le meilleur dossier avec 252 déversements.
Près d’une journée sur deux
Toujours en 2021, le réseau lavallois a recraché dans la nature des eaux d’égout non traitées à raison de 4,4 jours sur 10, les enregistreurs électroniques dont sont équipés les ouvrages de surverse ayant relevé 159 jours de débordement sur 365.
Au tableau des 10 grandes villes, Montréal fait figure de première de classe avec seulement 88 jours de débordements alors que Québec ferme la marche avec 301 jours de rejets en 2021, soit 8 jours sur 10.
152 jours en continu
D’une durée moyenne de 3 heures, les débordements enregistrés à Laval, l’an dernier, ont totalisé pas moins de 3645 heures, selon les informations transmises par Gabriel Cliche, chargé de projets en qualité de l’eau et responsable du traitement des données à la Fondation Rivières.
En clair, c’est comme si un ouvrage de surverse avait déversé sans interruption pendant 152 jours, 24 heures par jour.
L’ampleur relative de ces déversements en fonction de la capacité théorique des ouvrages est estimée à quelque 2,4 millions de mètres cubes d’eau (1 m3 équivaut à 1000 litres). M. Cliche rappelle toutefois qu’il s’agit ici d’un ordre de grandeur quant à la quantité d’eaux usées pouvant transiter en une journée dans ces ouvrages qui débordent. Jusqu’à ce jour, les relevés ministériels ne permettent malheureusement pas de mesurer les volumes d’eaux usées ainsi rejetées dans la nature.
Amélioration
À Laval comme à l’échelle de la province, les déversements d’eaux usées ont chuté de façon importante en comparaison à l’année 2020, leur nombre diminuant respectivement de 41 et 31 %.
Une diminution que Fondation Rivières attribue en grande partie au fait qu’il y ait eu peu de précipitations durant la période de fonte printanière en 2021, réduisant d’autant la charge sur les réseaux d’égout.
«Il faut se réjouir des résultats du palmarès 2021, mais le portrait sera probablement moins reluisant en 2022, alors qu’on a connu plusieurs épisodes de précipitations intenses au printemps et à l’été», nuance le directeur général de la Fondation, André Bélanger.
Nouvelle donnée… très défavorable à Laval
Nouveauté au palmarès, les dérivations des eaux usées qui, une fois acheminées à l’usine d’épuration, sont détournées totalement ou partiellement de la chaîne de traitement avant d’être rejetées dans les rivières.
À Laval, ce phénomène s’observe une fois tous les trois jours à l’une ou l’autres des trois stations d’épuration, soit La Pinière, Fabreville et Auteuil.
Aux 1219 opérations de délestage effectuées en amont du réseau s’ajoutent 128 dérivations qui, en 2021, placent Laval au 6e rang des municipalités les plus défaillantes au Québec, toutes tailles confondues, et au 2e échelon parmi les 10 grandes municipalités derrière Saguenay.
En comparaison, Montréal a connu un seul épisode de dérivation et Terrebonne aucun.
Avant le dévoilement de son palmarès, Fondation Rivières avait invité les 35 Villes les plus peuplées représentant l’ensemble des régions administrative du Québec et figurant en tête du classement à réagir à leur performance, dont Laval qui a décliné l’invitation.
Parmi le groupe des huit qui a accepté de «fournir des explications», Montréal, Québec, Longueuil, Lévis et Blainville.