Une famille résidant Place Brazeau, à bout de force et d’économie après avoir écopé son quatrième dégorgement d’égout, le 17 juillet, a envoyé une mise en demeure à la Ville le 25 juillet, dont Le Courrier Laval a obtenu copie.
Alda Wiuckstern et Mauricio Gomez-O tiennent la Ville de Laval «responsable de tous les dommages subis par le refoulement d’égouts du 17 juillet 2010. Nous réclamons une indemnisation pour tous les frais engendrés par ce sinistre. Et, nous exigeons que des démarches soient entamées immédiatement par la Ville de Laval, car nous demeurons exposés à des nouveaux dommages à chaque averse», peut-on lire dans la présente.
Sinistres à répétition
Le couple résidant au 704 Place Brazeau depuis 1984 a subi des dommages importants en juillet 1997, 2006, 2009 et cette année. «Notre petit-fils qui habite dans le sous-sol a dû monter à l’étage. Nous avons tout perdu. On a acheté un déshumificateur et mon mari met des produits pour tuer les bactéries», poursuit-elle.
L’inondation se fait par les toilettes. «L’année dernière, nous étions là quand c’est arrivé, nous avons pu écoper au fur et à mesure, mais cette année nous sommes rentrés vers minuit et il y avait de l’eau à la hauteur du genou et des feuilles dans tout le sous-sol. C’est l’enfer, notre maison est à l’envers», dit la résidente, épuisée.
Alors que les primes d’assurance de la famille augmentent avec le nombre de malus, les remboursements diminuent. «Les réparations sont estimées à 20 000 $ et notre assureur ne nous rembourse que 3300 $ cette année. Le simple fait de couper les tapis et de nettoyer la salle de bain nous a déjà couté 1750 $», raconte Mme Wiuckstern.
Clapet
Depuis 1997, la famille et les voisins qui subissent les mêmes dégorgements d’égout appellent la Ville. «La première fois, en 1997, on nous a répondu que le délai était dépassé pour déposer une plainte. C’est l’assureur qui a tout payé. Ensuite, on nous a dit que notre clapet n’était pas réglementaire. Alors on l’a changé en 2006, mais ça recommence toujours», insiste la propriétaire.
Le 5 août, Daniel Gauthier, du service de l’environnement de la Ville de Laval est venu inspecter les installations de la maison. «Il nous a dit que notre clapet n’était pas bon, qu’il fallait en installer un second et s’arranger pour qu’un autre tuyau amène les eaux de la baignoire et des toilettes. Il faut tout refaire, c’est beaucoup d’ouvrage», conclut Alda Wiuckstern.
De nombreuses maisons touchées
Au total, 46 résidents de la Place Brazeau, ayant tous subis des refoulements d’égouts, demandent dans une pétition adressée à la Ville d’entreprendre «des démarches immédiates afin de rectifier ce problème».
Le propriétaire du 687 Place Brazeau, Pierre Désy, affirme que les problèmes ont commencé à l’été 1987, lors de fortes pluies. «La Ville s’est aperçue que les égouts pluvial et sanitaire étaient combinés. L’année suivante, ils ont séparé les deux, mais depuis, de nouvelles maisons ont été construites rue Terrasse Montfort et rue Larouche. Mes clapets, aussi réglementaires soient-ils, ne suffisent pas, l’eau remonte par la douche à cause de la pression», dit-il.
Au 728 de la Place, un tuyau de quatre pouces a littéralement explosé sous la pression de l’air et du coup d’eau, lors de l’orage du lundi 2 août. «À ce jour, je n’en avais encore jamais eu, mis à part en 1987. Un plombier a appelé ça un coup de bélier», dit Pierre Desabrais.
Une compagnie de nettoyage est venue aspirer l’eau et sécher l’espace. «Ils doivent revenir aujourd’hui pour tout arracher. Si je les laisse aller, le nettoyage me coute 10 000 $», poursuit-il.
Une autre résidente, habitant le 670 Place Brazeau, insiste sur le fait qu’elle a changé ses clapets en 2009. «J’ai suivi les recommandations de la Ville. J’ai installé deux clapets conformes avec l’aval des ingénieurs, cela m’a coûté 1000 $. Et cette année encore, j’ai eu deux inondations, en juillet et le 3 août. On a fait ce qu’on avait à faire, maintenant c’est à la Ville d’agir», dit Diane Battista.
Métro Cartier
D’autres maisons situées au nord de la station de métro Cartier subissent aussi ce type de désagréments. Une résidente de la rue Derome, Anne Lecompte, indique qu’il s’agit des rues Derome et Chevalier, du boul. des Laurentides et de l’avenue Quintal.
«Cela se produit plusieurs fois par année depuis que le métro est construit. Notre sous-sol va finir par être insalubre», dit Mme Lecompte.