Alors que les ministres de la Santé se réunissaient à Halifax à la fin janvier, le gouvernement fédéral a rendu public le premier rapport détaillé sur les lacunes liées aux effectifs de la santé et les données révèlent l’ampleur du problème.
Cette étude exhaustive, menée par Geneviève Moineau, conseillère principale des effectifs médicaux pour Santé Canada, souligne le retard considérable affiché par le Canada en matière de planification des effectifs par rapport aux autres pays membres de l’OCDE, de même que les conséquences négatives de ce manque d’attention.
Statistiques
En 2023, la moyenne de nouveaux diplômés en médecine dans les pays de l’OCDE était de 14,2 pour 100 000 habitants. Le Canada se retrouve au bas de la liste, avec 7,5 nouveaux médecins pour 100 000 habitants, devant seulement le Japon, la Corée et Israël.
Il existe actuellement au Canada un déficit de 22 823 médecins de famille entre l’offre et la demande, et il n’y a qu’environ 1300 nouveaux diplômés par année. À ce rythme, le Canada ne règlera jamais le problème de la pénurie de médecins.
Conclusions
Cette étude qui donne à réfléchir renforce les activités de représentation de longue date de l’Association médicale canadienne (AMC) sur la pénurie de médecins de famille, les défis propres aux soins en milieu rural et les disparités en matière de soins pour les peuples autochtones. Ces nouveaux chiffres confirment la gravité de la situation.
L’AMC soutient les conclusions du rapport sur la modernisation de l’éducation, de la formation et des données. Pour remédier à la pénurie de médecins et de prestataires de soins, le Canada devra agir plus rapidement, faire plus et tirer parti de l’expertise déjà existante.
Ce faisant, il est important de s’assurer de ne pas surcharger de travail nos prestataires de soins. Selon l’organisation, des solutions axées sur la rétention et le recrutement de professionnelles et professionnels de la santé doivent être mises en œuvre sans attendre.
Ces solutions sont entre autres d’établir les soins en équipe comme principal modèle de soins primaires, partout au pays, d’éliminer les tâches administratives chronophages et répétitives, d’utiliser des technologies en évolution comme l’IA pour réduire les tâches administratives et améliorer les soins, de connecter tous les points d’intervention pour permettre à la patientèle d’avoir accès à l’information sur sa santé et faciliter l’interconnexion entre les prestataires de soins et de soutenir et financer les soins virtuels au sein du système de santé public.
L’AMC va transmettre ce rapport aux associations médicales provinciales et territoriales, ainsi qu’à d’autres partenaires du système de santé. Elle va également presser tous les partis politiques, lors des élections fédérales prévues cette année, d’agir face à ce problème.
«Ce rapport devrait être le dernier de la sorte. Passons maintenant des études à l’action afin d’apporter un véritable changement», conclut Joss Reimer, présidente de l’AMC, par voie de communiqué. (C.P./IJL)