Après avoir analysé la façon dont les gens heureux surmontent leurs épreuves, la psychologue Brigitte Lavoie a suggéré à des intervenants auprès de personnes ayant des idées suicidaires d’utiliser ces principes «pour [leurs] clients qui n’ont pas ces recettes de façon naturelle».
Elle a fait cette proposition aux 139 professionnels du secteur de la santé et des services sociaux réunis le 9 février pour le Colloque lavallois en prévention du suicide.
Mme Lavoie estime qu’il faut amener les gens à voir ces moments difficiles comme une occasion de changer des choses dans leur vie, afin de ne pas avoir à les revivre.
Selon elle, les psychothérapeutes doivent «injecter» de l’espoir à leurs clients. «Si on veut être capables d’aider ces gens, il faut voir de l’espoir dans leur histoire», a-t-elle affirmé. Pour aider les personnes en détresse à garder espoir en l’avenir, elle a donné l’exemple d’une campagne de sensibilisation réalisée aux États-Unis auprès d’adolescents gais vivant des difficultés dans leur milieu scolaire. «On y présentait des témoignages de gais de 30-40 ans qui avaient des emplois dans de grandes entreprises et qui disaient aux jeunes « Ça va être mieux ».»
Brigitte Lavoie a encouragé les participants à utiliser les dernières minutes d’une séance de thérapie pour parler à leurs clients de leurs progrès. «Ça augmente la probabilité qu’ils viennent à la prochaine rencontre», a-t-elle affirmé.
Ikigai
Mme Lavoie a fait remarquer que la plupart des gens heureux ne cherchent pas le bonheur, ils cherchent plutôt à se sentir vivants, à sentir qu’ils ont une mission, que leur famille et leur communauté ont besoin d’eux. Elle a rapporté que dans une région du Japon où les habitants vivent plus de 100 ans, il est important de trouver son ikigai, c’est-à-dire sa raison d’être. «Pour certaines personnes, c’est à partir de leurs blessures qu’ils trouvent leur ikigai», a-t-elle mentionné en encourageant les intervenants à aider leurs clients à trouver un sens à leurs difficultés.
Brigitte Lavoie a conclu sa présentation en incitant les intervenants à trouver eux aussi leur ikigai.
Filet de sécurité
En ouvrant le colloque, la psychiatre Claire Gamache a souligné qu’une telle journée vise à améliorer le réseau de santé et des services sociaux. «Ça nous permet d’explorer l’évolution de la pratique et de nous serrer les coudes pour faire le plus grand filet de sécurité», a-t-elle lancé.
Au cours de la journée, les participants ont également discuté des difficultés liées au fait d’être un intervenant endeuillé par suicide. Un autre atelier abordait le multiculturalisme et le suicide.
On peut joindre la ligne prévention suicide Laval au 450629-2911 (1866 APELLE). Le service d’intervention téléphonique est accessible 24 heures par jour, 7 jours par semaine.