Le Cadre de référence en immigration et diversité ethnoculturelle de Laval est le fruit d’une démarche qui a duré près de deux ans. Dans quel contexte s’inscrit la démarche lavalloise? Quelle est l’utilité d’un tel document?
«Ça ne règle pas tous les problèmes, mais sans un cadre et une vision commune, apolitique et indépendante des gens au pouvoir, il est très difficile d’avancer et d’assurer une continuité», répond Bob White, professeur titulaire au département d’anthropologie de l’Université de Montréal et directeur du Laboratoire de recherche en relations interculturelles (LABRRI).
Le LABBRI a participé à la réalisation des travaux préparatoires à l’élaboration du Cadre, ainsi qu’à la planification et l’animation des consultations. «Je ne suis pas entièrement objectif», admet le chercheur qui a été rémunéré par la Ville pour sa participation au processus.
Gouvernance de proximité
La démarche de la Ville de Laval s’insère dans une tendance globale des municipalités, au Québec et ailleurs dans le monde, à s’impliquer dans les questions d’intégration des personnes immigrantes et l’élaboration de politiques interculturelles, explique M. White.
D’un point de vue pragmatique, les villes «sont plus proches du terrain et plus neutres, moins prises dans les batailles idéologiques et identitaires des gouvernements, qu’ils soient libéraux, péquistes, adéquistes, etc.» Elles sont donc plus susceptibles d’assurer une continuité dans les approches, à l’abri des changements d’idéologie d’un gouvernement à l’autre. Du point de vue des personnes immigrantes, «il est plus facile de faire partie d’une ville que d’un pays», fait-il valoir.
Enfin, «les recherches en sciences sociales démontrent que lorsque des gouvernements et des institutions publiques démontrent du leadership en termes de diversité, les citoyens se sentent rassurés. Ça envoie un message positif sur la diversité».
Laval se démarque
Au début des années 1980, Montréal a été une pionnière au Québec, en entamant des travaux sur la question de la diversité. Au milieu des années 2000, de grandes villes comme Sherbrooke et Gatineau ont emboîté le pas. «Laval avait déjà une approche citoyenne [basée sur l’idée que tous les résidants du territoire sont Lavallois, peu importe leur origine]. Là, on est plus dans le vivre ensemble», souligne le professeur, qui estime que «Laval a devancé un peu les autres» dans son approche et dans la rigueur du processus qui a mené à l’élaboration du Cadre.
Laval se distinguerait par l’importance qu’elle accorde à cette notion de vivre ensemble et par son approche interculturelle, qui facilite les interactions positives entre les personnes.
«Pour promouvoir le vivre ensemble, il n’est pas nécessaire de mettre l’accent sur les différences, mais on ne peut pas ignorer les différences et les besoins spécifiques. Pas pour stigmatiser, mais pour la dynamique interculturelle et la cohésion.»