Le ministère des Transports du Québec (MTQ) s’employait récemment à évacuer quelque 250 pneus jetés au fil des ans par des citoyens anonymes, dans un boisé au sud du boulevard Marcel-Villeneuve, près de l’école secondaire Leblanc et de l’échangeur de l’autoroute 25 en construction. Le travail devait être complété en une ou deux semaines.
Plus de 300 autres pneus avaient déjà été enlevés en novembre 2007, indique Stéphanie Langelier, porte-parole du MTQ. «Le tas existe depuis 2002», témoigne Richard Pelletier, biologiste du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, qui a signalé la présence du site au Ministère ― propriétaire de ce terrain qui jouxte le chantier ― à l’automne dernier. Les démarches effectuées auprès du ministère de l’Environnement n’avaient donné aucun résultat.
Des coûts
La première opération de nettoyage, à l’automne dernier, avait coûté environ 10 000 $, estime-t-on au Ministère. En tenant compte de la seconde opération actuellement en cours, la facture totale pourrait grimper jusqu’à 25 000 $, a confié un employé de CIMA+, chargé de la surveillance du chantier, à M. Pelletier.
Transports Québec a mandaté la firme GTS, spécialisée en géotechnique et travaux spéciaux, pour le nettoyage du site. La tâche est ardue et nécessite des véhicules tout-terrain, car les pneus sont dans des endroits peu accessibles. «Nous, on sort les pneus, et Recyc-Québec vient les chercher», explique Stéphanie Langelier. La collecte est réalisée dans le cadre du Programme de vidage des lieux d’entreposage des pneus hors d’usage, mis en place en 2001 et piloté par Recyc-Québec.
L’organisme ne possède pas d’équipement pour extraire les rebuts dans les coins reculés d’un boisé, par exemple, explique Sophie Langlois-Blouin, agente d’information pour Recyc-Québec. «On a des transporteurs dans chaque région. Pour le programme de vidage, c’est de la collaboration» avec les propriétaires de site, comme Transports Québec. Une fois les pneus «sortis», Recyc-Québec offre 150 $ la tonne.
Compte tenu qu’un pneu moyen d’automobile produit environ 9kg de caoutchouc recyclable, on peut estimer que les quelque 550 pneus récupérés à Saint-François permettron au MTQ d’essuyer un maigre 743$ de la facture totale.Celle-ci sera intégrée aux coûts de construction de l’échangeur.
De moins en moins
Les quelques centaines de pneus dont il est question n’ont évidemment rien à voir avec la masse de pneus — trois millions et demi — qui ont brûlé pendant six jours à Saint-Amable, en 1990. C’est cet événement qui a poussé le gouvernement québécois à légiférer. Depuis l’établissement du Programme de vidage des lieux d’entreposage, les gros sites sont en voie de disparition: huit sur douze ont été complètement vidés, indique-t-on à Recyc-Québec.
Même les petits sites, comme celui de Saint-François, se raréfient, assure Sophie Langlois-Blouin. Sur un total de 749 sites modestes répertoriés en 2000, 709 ont été vidés à ce jour.
L’inventaire de 2000 était sous-estimé, admet Mme Langlois-Blouin. C’est pourquoi le programme, qui visait l’enrayement complet des sites en 2008, est toujours opérationnel. Il arrive encore que des amoncellements de pneus soient localisés, «mais ça arrive de moins en moins souvent, et la réaction est très rapide, quand on nous dévoile cette information.»
Par ailleurs, sans qu’il s’agisse d’amas d’importance comme à Saint-François, «dans tous les milieux naturels, il y a beaucoup de pneus qui traînent», observe Richard Pelletier.
Depuis le désastre de Saint-Amable, le gouvernement québécois a interdit l’entreposage, l’incinération et l’enfouissement des pneus usagés. Par le biais de son règlement contre les nuisances, Ville de Laval interdit également de jeter des déchets sur un terrain. De nombreux détaillants et garagistes récupèrent maintenant les vieux pneus.
Pour consulter la liste des détaillants et organismes récupérateurs de pneus usagés: www.ville.laval.qc.ca. Cliquer sur l’onglet Environnement et sélectionner le Guide de récupération, dans le menu de gauche.Source: Recyc-Québec