La pénurie de main-d’œuvre frappe de plein fouet les entreprises du Québec et leur a fait perdre près de 10,7 milliards de dollars, dévoile la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) dans sa nouvelle note de recherche.
« Nous savions que la pénurie de main-d’œuvre avait des incidences très négatives sur les dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME), déclare François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI, par communiqué de presse. Ces derniers doivent travailler plus d’heures, comme leurs employés, et sont contraints de refuser des contrats et opportunités d’affaires. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les pertes de ces PME sont de près de 11 G$ en un an. »
François Vincent ajoute que ces PME auraient pu bénéficier de ces sommes pour se redresser, croître et dynamiser leurs régions. Selon lui, l’enjeu de la pénurie est une très mauvaise nouvelle pour les dirigeants de PME.
L’évaluation de la FCEI se base sur les données d’un sondage réalisé en mars dernier. Les résultats relatifs aux pertes subies par les PME ont été calculés à partir du revenu total moyen d’une PME québécoise publié par Statistique Canada pour l’année 2020, selon le secteur d’activité. Il est à noter que l’analyse considère seulement les PME dont les revenus se situent entre 30 000 $ et cinq millions, de sorte que l’évaluation soit conservatrice.
« Bien que les pertes de ventes et de contrats soient considérables pour les propriétaires de PME, il faut noter qu’elles ne correspondent pas nécessairement à des pertes nettes pour l’économie de la province, indique dans le même communiqué Laure-Anna Bomal, analyste de la recherche pour la FCEI et auteure du rapport. Ces montants non investis ont peut-être été injectés dans des projets différents ou ont constitué d’autres dépenses pour les PME, et les clients perdus ont pu dépenser leur argent d’une autre façon au Québec. Il n’en demeure pas moins que ce manque à gagner arrive à un bien mauvais moment après deux ans de pandémie qui ont affaibli et endetté trop de PME. »
Tous les secteurs
Dans un rapport publié en avril dernier, la FCEI révélait comment la pénurie de main-d’œuvre affectait toutes les industries et engendrait une explosion des postes vacants, ce phénomène mettant beaucoup de pression sur les PME.
La note de recherche publiée aujourd’hui fait ressortir également les répercussions économiques par secteur d’activité.
Les secteurs de la construction et des services professionnels et administratifs affichent des pertes supérieures à 2 G$. Les PME des secteurs de l’hébergement/restauration et du commerce de détail enregistrent des pertes de près de 1 G$. Dans les secteurs du commerce de gros et des transports, ces pertes totalisent 1,2 G$.
Par ailleurs, les très petites entreprises des secteurs des services et de la construction n’ont pas accès au taux d’impôt réduit des PME, ce qui les limite grandement pour tirer leur épingle du jeu dans cette crise.
Mesures
Le manque d’employés est cité par 86 % des propriétaires de PME du Québec comme l’enjeu le plus difficile à surmonter en 2022, juste après la hausse des coûts mentionnée par 87 % d’entre eux.
« Le gouvernement du Québec a adopté plusieurs mesures pour épauler les entreprises cherchant des employés et vient d’apporter des modifications pour que toutes les PME aient accès aux crédits d’impôt permettant d’attirer les travailleurs, précise M. Vincent dans le communiqué de presse. La FCEI s’appliquera à faire connaître les programmes qui existent pour les PME. Cela dit, des actions supplémentaires sont possibles et nécessaires pour les aider, notamment en matière de fiscalité, car le Québec est le champion du pays sur le plan de la taxation. » (A.B.)