Des membres du Syndicat des chauffeurs d’autobus de Laval se sont à nouveau donnés rendez-vous à l’hôtel de ville, le 5 avril, pour faire entendre leur insatisfaction face aux négociations qui s’enlisent, eux qui sont sans contrat de contrat de travail depuis l’été 2019.
Pendant près d’une heure, la période de questions réservée aux citoyens a tourné autour des enjeux entourant la négociation en vue du renouvellement de la convention collective des 650 chauffeurs de la Société de transport de Laval (STL).
Au cours de l’assemblée municipale, les membres du conseil d’administration (CA) de la STL ont été mis sur la sellette, notamment les cinq conseillers municipaux à qui les partis d’opposition reprochent un manque de leadership et d’implication.
Des élus sans voix
Chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, qui cinq jours plus tôt questionnait ouvertement la compétence de trois d’entre eux, a dénoncé la vitesse à laquelle les séances du conseil d’administration sont expédiées sans jamais que personne n’intervienne. «Les plus longues réunions ont duré peut-être 10-11 minutes; la moyenne est aux alentours de 6-7 minutes. Jamais de question de posée», mentionne-t-il en parlant des séances visionnées et des procès-verbaux consultés en ligne. «On a vraiment eu le feeling que [l’information] ne se rend pas au conseil d’administration», a enchaîné M. Larochelle, qui n’a pas manqué de rappeler les 93 millions de dollars que la Ville verse annuellement à la STL.
Étonnamment, ces allégations lancées en présence de la présidente de la STL, Jocelyne Frédéric-Gauthier, du vice-président Vasilios Karidogiannis et des administrateurs Aline Dib, Pierre Brabant et Seta Topouzian n’ont suscité aucune réaction de la part de ces cinq élus qui, par leur silence, semblaient donner foi aux propos de M. Larochelle.
Mise au point
Or, le directeur général de la STL, Guy Picard, a tenu à rectifier les faits.
Avant l’ouverture de chaque assemblée statutaire, les membres du CA se réunissent en caucus pour une période de deux à quatre heures, selon l’agenda qui inclut une mise à jour sur l’état d’avancement des négociations, indique le DG. L’assemblée proprement dite est alors menée rondement puisque «les points [à adopter] à l’ordre du jour ont été discutés en caucus», précise-t-il. «À mon avis, monsieur Larochelle devrait savoir ça», poursuit M. Picard, précisant qu’il en va de même pour la Société de transport de Montréal (STM), le Réseau de transport de la capitale (RTC) et le Réseau de transport de Longueuil (RTL). Et lorsque les assemblées excèdent une dizaine de minutes, c’est essentiellement en raison des questions des usagers, ce qui n’est pas monnaie courante à Laval, convient le patron de la STL.
Celui-ci ajoute que tous les mardis matin, il rencontre la présidente et le vice-président pour faire le point sur différents dossiers. «Chaque fois, on parle des négociations; c’est toujours présent.»
Plus qu’un bonus au salaire
Dans un communiqué publié le 28 mars, le conseiller municipal d’Action Laval et ex-président de la STL, David De Cotis, s’en prenaient ouvertement au maire Stéphane Boyer et à ses cinq élus défendant les intérêts des Lavallois au conseil de la STL.
«Comment des gens qui sont en position de décider peuvent-ils agir de manière éclairée, alors qu’ils n’ont que la moitié des faits ? C’est irresponsable pour des élus d’agir de la sorte», disait-il en condamnant leur refus de rencontrer les représentants syndicaux des chauffeurs.
«Être nommé [à un] conseil d’administration, ça ne se résume pas à un bonus au salaire», poursuivait M. De Cotis. C’est une tâche avec des obligations et des responsabilités. L’attitude actuelle des élus du parti du maire est choquante et navrante.»
Une rencontre aura lieu
Huit jours suivant la sortie publique de M. De Cotis, on apprenait qu’une rencontre avait été fixée.
À défaut de s’assoir avec le maire, qui refuse toujours de s’ingérer dans les négociations patronales-syndicales, le Syndicat des chauffeurs d’autobus de la STL a obtenu une rencontre avec les membres du CA. Elle aura lieu le jeudi 21 avril.
L’objectif est de dénouer l’impasse dans les négos qui achoppent au niveau monétaire, le conseil d’administration détenant les cordons de la bourse du transporteur public. En clair, le CA est le mandant; c’est lui qui décide du cadre financier et de l’enveloppe budgétaire disponible.
Rappelons que la 34e et dernière séance de travail réunissant les parties à la table de négociation remonte au 9 février. (Autre texte à venir)