La sanction a été rendue publique le 28 septembre par le Conseil de discipline du Barreau, qui l’avait déclaré coupable, un an plus tôt, d’actes dérogatoires à l’honneur et à la dignité de la profession d’avocat.
2 M$ en liquide
De 2006 à mars 2013, Me Lambert a commis des gestes répréhensibles «en recevant et en gardant en dépôt, dans un mini-entrepôt, des sommes d’argent comptant totalisant environ 2 millions de dollars pour le parti du P.R.O. de Laval alors qu’il savait ou devait savoir qu’il posait ainsi un acte illégal […]» peut-on lire en page 2 d’un document largement caviardé en raison d’une ordonnance de non-publication de la preuve.
Accroc majeur
La sanction disciplinaire ici imposée ne revêt pas un caractère punitif, mais vise plutôt à produire un effet dissuasif aussi bien auprès du contrevenant que de l’ensemble des membres de l’Ordre, précise-t-on.
«En agissant comme il l’a fait, l’intimé a commis un accroc majeur au processus démocratique devant prévaloir dans notre société. Il a miné la confiance de la population tant en regard de la profession d’avocat que de la classe politique qui nous gouverne», écrivent les auteurs de la décision, Mes Marie-Josée Corriveau et Serge Bernier.
Ils en donnent pour preuve le contournement des lois pour enfreindre les règles d’attribution de contrats publics et de financement politique.
Quant à la durée de la période de radiation, elle est «proportionnelle à la gravité de l’infraction commise» et «a le mérite d’atteindre les objectifs de protection du public, de dissuasion et d’exemplarité», justifient-ils.
Procès
Selon toute vraisemblance, Me Pierre Lambert ferait face à la justice en 2017 dans le cadre des mégaprocès liés à Gilles Vaillancourt et 33 autres coaccusés, tous arrêtés au printemps 2013 lors de la spectaculaire rafle menée par l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
Avocat chez Dunton Rainville au moment de son arrestation, Me Lambert est visé par des chefs d’accusation pour abus de confiance, actes de corruption dans les affaires municipales, fraude envers le gouvernement et recyclage des produits de la criminalité.
Les faits reprochés auraient été commis sur une période de 15 ans, soit entre le 1er janvier 1996 et le 30 septembre 2010.
Rappelons que Pierre L. Lambert a siégé pendant des années au sein des conseils d’administration de la Cité du savoir et de la Cité de la culture et du sport de Laval, dont il était l’aviseur légal.
Ces OSBL étaient notamment chargés de veiller à l’implantation du pavillon de l’Université de Montréal aux abords de la station de métro Montmorency et du complexe sportif et culturel, aujourd’hui connu sous le nom de Place Bell.