Depuis son arrivée dans le quartier il y a presque 50 ans, Lucette Bélanger se promène tous les jours le long du boulevard McNamara et aux alentours. Munie de sacs, elle ramasse sans relâche les détritus qui jonchent les rues du voisinage.
«Je me promène, présente humblement la résidente de l’Oasis Saint-Martin. J’ai à cœur que l’environnement soit propre alors, quand il y a des déchets qui traînent […], je ramasse et je mets ça dans les poubelles. J’ai toujours fait ça.»
Chaque matin, la dame qui soufflera bientôt 85 bougies sort à l’extérieur et marche plusieurs kilomètres, ramassant tout ce qu’elle trouve sur son chemin.
Son trajet habituel, quand la température est clémente, la mène jusqu’à l’extrémité du boulevard, où elle emprunte ensuite la piste cyclable. Elle poursuit en sélectionnant l’une des quelques sorties disponibles et fait souvent plusieurs crochets, pour retourner à son domicile. Sans détours, ce voyage compte trois kilomètres.
«Je disais à mes petits-enfants: il faut faire attention à notre planète parce que, si on ne fait pas attention, vous autres, quand vous serez grands, vous ne vivrez plus sur une planète. Vous vivrez sur une poubelle.»
–Lucette Bélanger, infirmière retraitée de 84 ans
Des membres du voisinage ont même vu la Lavalloise aussi loin que la friperie Renaissance au coin des boulevards Saint-Martin et des Laurentides, située à 2,2 kilomètres à pied de la résidence, ou au Centropolis, ce qui représente au minimum une distance de 3,2 kilomètres.
Au total, l’infirmière retraitée dédie facilement trois à quatre heures de chacune de ses journées à la marche et collecte de déchets.
«Je suis contente de passer une bonne partie de ma journée à marcher, à être dehors dans la nature, explique celle qui est née en plein cœur de la forêt, au Bas-Saint-Laurent. C’est ça qui me tient en forme physiquement et mentalement.»
Lorsque les conditions météo ne sont pas au rendez-vous, les retraités peuvent la voir descendre chacun des dix étages de son lieu de résidence un à un.
Remerciements
Inspirés par son dévouement, un groupe de citoyens du quartier a souhaité témoigner admiration et reconnaissance à l’octogénaire.
«Je demeure sur McNamara et, tous les jours, je vois passer Mme Bélanger, même l’hiver, peu importe la température, témoignait Nicole Guertin. Ça nous stimule, parce qu’on la voit aller et on se dit »si elle est capable, il n’y a pas de raison que je ne sorte pas pour prendre ma marche ».» «Vous travaillez pour une bonne cause, l’environnement, et, en même temps, vous nous faites du bien», a conclu la Lavalloise.
Le voisinage semble lui donner raison. En plus de ses actions enjolivant Mère Nature, Lucette Bélanger a toujours le bon mot pour faire sourire ses comparses et incarne la force tranquille du quartier.
«Mme Bélanger, je vous admire, déclarait d’emblée Jacques Allard, également citoyen de Chomedey. J’ai eu un petit cancer, vous me disiez »lâche pas, ça va bien aller ». Effectivement, ç’a bien été. Chaque fois que Mme Bélanger passe devant chez moi, on jase ensemble. C’est formidable.»
Passer à l’action
En plus de souligner l’implication de la sportive, le groupe citoyen en a également profité pour discuter de quelques enjeux environnementaux.
Pour Mme Bélanger, les solutions sont évidentes: il faut sensibiliser et éduquer la population ainsi qu’ajouter des poubelles publiques à certains endroits stratégiques. Cette dernière mesure limiterait, selon elle, l’accumulation de déchets par terre aux arrêts d’autobus, par exemple.
Pierre Gaudette, résident du boulevard McNamara depuis 1973, renchérit: «quand on leur demande, les gens participent, mais ça prend quelqu’un pour les réveiller, inciter, sensibiliser. La campagne de Grand ramassage du printemps, ça devrait être tout au long de l’année.»
«Si une petite vieille comme moi ne peut pas faire ça sans donner l’exemple… ajoute Lucette Bélanger, un sourire au visage. Je pense que ça peut sensibiliser certaines personnes. J’espère.»
L’heureux et inspirant entretien s’est conclu sur une promesse de célébrer tous ensemble le 85e anniversaire de l’amoureuse de l’environnement au mois d’août, en ne manquant pas de repartir avec les déchets à la fin.
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