«Quand on parle d’innovation, on pense spontanément à la R&D (recherche et développement) de nature scientifique et à la technologie», convient Guy Berthelet, qui préside aux destinées de Produits Alimentaires Berthelet.
Pourtant, il n’en est rien, a-t-il aussitôt enchaîné lors du témoignage qu’il livrait dans le cadre du grand Rendez-vous stratégique économique, tenu conjointement par Laval Technopole et la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, le 18 novembre.
Pas une fortune
À ses yeux, innover ne coûte pas une fortune et c’est surtout à la portée de tous.
Voilà en substance le message qu’il a étayé de nombreux exemples tirés de l’expérience de l’entreprise familiale, dont il représente la 3e génération.
Innover, soutient-il, c’est apporter les changements nécessaires à une organisation afin qu’elle s’en sorte mieux, qu’elle fasse de meilleures affaires. Il ne faut pas chercher plus loin que ça, fait valoir M. Berthelet.
«Ça nécessite naturellement une excellente compréhension de l’environnement dans lequel on travaille et un temps de réflexion», résume l’homme d’affaires.
Identifier ses forces et faiblesses, puis les opportunités et menaces que présente le marché sont les premiers gestes à poser.
Le genre de réflexion stratégique qui a toujours bien servi l’entreprise, laquelle n’a d’ailleurs jamais cessé de se réinventer au cours des 50 dernières années.
S’adapter
À l’origine, son grand-père approvisionnait les bouchers en produits destinés à transformer la viande en saucisse.
«Quand mon père et ses frères ont pris la tête de l’entreprise, ils ont réalisé qu’un jour, les bouchers allaient cesser de faire leurs propres saucisses et que le marché allait peut-être disparaître», relate Guy Berthelet, à la direction d’une entreprise qui brasse aujourd’hui 25 M$ de chiffre d’affaires par année.
Sensibles à l’évolution du marché dans les années 1960, les fils du fondateur commencent à développer le créneau des produits déshydratés et la clientèle du secteur de la restauration.
«Le modèle [d’affaires] a complètement changé», poursuit le petit-fils, ajoutant que l’entreprise a profité de son partenariat avec les Rôtisseries St-Hubert B.B.Q – conclu il y a plus de 40 ans – pour attaquer le marché du détail.
«On est devenue la première entreprise à commercialiser une marque de restaurant et à en faire le succès que vous connaissez aujourd’hui», mentionne M. Berthelet, en évoquant la large gamme de produits St-Hubert qui se retrouve sur les tablettes des marchés d’alimentation.
Enfin, la famille Berthelet, qui a développé la célèbre sauce St-Hubert au milieu des années 1960, tournait une page importante de son histoire en 2007.
En effet, elle vendait les activités de vente au détail et de restaurants au Groupe St-Hubert pour s’en tenir exclusivement au marché des services alimentaires, que constituent les hôtels, les restaurants et les institutions.
Automatisation
Il y a deux ans, l’organisation, dont la production se décline en 1500 produits différents, a revu ses processus d’affaires.
Elle a investi dans l’automatisation de certaines opérations, qui jusque-là s’exerçaient manuellement considérant de très faibles volumes par produit.
Résultat: les effectifs ont été réduits de plus de 20 %, passant de 90 à 70 employés.
Les emplois ainsi supprimés l’ont été essentiellement au bas de l’échelle, postes généralement occupés par une main-d’œuvre peu qualifiée, pas très loyale, ni fiable, souligne le président.
«On a pu bonifier certains emplois et former le personnel pour ces postes», enchaîne-t-il, ce qui a produit un effet mesurable en matière de rétention de la main-d’œuvre.
Mais au-delà de ce retour direct sur l’investissement, cette réingénierie, qui s’est déployée tant sur la chaîne de production qu’à l’expédition, a permis à Produits Alimentaires Berthelet de dégager une importante capacité de production pour encore plusieurs années à venir.
Voilà quelques avantages concrets découlant de l’innovation telle que récemment pratiquée au sein de cette société, qui fut couronnée «Entreprise manufacturière» de l’année au dernier Gala Dunamis de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval.