Une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a analysé les effets insoupçonnés de la chaleur de manière générale, extrême ou pas, sur le système de santé au Québec.
Cela a permis de démontrer que les impacts de celle-ci se font sentir tout au long de la saison estivale, et pas seulement lors des vagues de chaleur extrême, c’est-à-dire des températures très élevées pendant au moins trois jours.
L’INRS estime que les conclusions de cette étude pourraient apporter des solutions en vue d’accélérer la mise en place de mesures de santé publique pour mieux protéger la population québécoise des conséquences de la chaleur.
«Des études à l’international s’étaient déjà intéressées à la question des températures élevées, mais surtout pour la mortalité, détaille le professeur Fateh Chebana, cocoauteur de l’article et chercheur spécialisé en sciences des données appliquées à l’environnement et la santé environnementale, par communiqué. Notre étude cible tout le Québec et porte sur différents indicateurs de santé, tout en utilisant une méthodologie de pointe et reconnue.»
Les scientifiques ont notamment cherché à quantifier la mortalité et la morbidité liées à la chaleur en fonction de cinq paramètres de santé, toutes causes confondues: la mortalité, les hospitalisations, les visites aux urgences, les transports en ambulance et les appels à Info-Santé, pour l’ensemble des régions sociosanitaires du Québec.
« Nous avons observé des effets des températures élevées très nocifs sur tout le système de santé, passant des hospitalisations aux appels à Info-Santé, en allant même jusqu’aux décès, ajoute Jérémie Boudreault, auteur principal de l’article et candidat au programme de doctorat sur mesure en science des données et santé environnementale à l’INRS. En plus de représenter un danger de santé publique, une chaleur importante engendre aussi des coûts directs pour notre système qui se retrouve à bout de souffle.»
Chaque été au Québec, les températures élevées seraient donc associées à 470 décès, 225 hospitalisations, 36 000 visites à l’urgence, 7 200 transports en ambulance et 15 000 appels à Info-Santé. Ce fardeau sanitaire est surtout concentré lors des 5% des journées les plus chaudes de l’été, avec près de 200 décès, 170 hospitalisations, 6 200 visites à l’urgence, 1 500 transports en ambulances et 3 300 appels à Info-Santé.
« Sachant que la chaleur extrême sera amplifiée par les changements climatiques, notre équipe souhaite que ces résultats amènent davantage d’actions afin de mieux protéger la population québécoise contre les effets de la chaleur. Nos travaux actuels s’intéressent d’ailleurs aux coûts de santé qui sont associés à ce fardeau sanitaire, et permettront aussi de fournir des projections de ces impacts sanitaires et économiques dans les décennies à venir », conclut Jérémie Boudreault.
Notons que cette étude a été réalisée en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et Santé Canada. (N.P.)