En octobre dernier, les pompiers sont intervenus pour une 6e fois en trois ans dans ce bâtiment situé au 1000, boulevard Chomedey, près de Notre-Dame.
«C’était un réel début d’incendie et sur place, nos gars ont constaté que le personnel, à qui on demande un mandat impossible à remplir, était désorganisé, de raconter André St-Hilaire, chef de la Division prévention au Service de sécurité incendie de Laval. L’évacuation était difficile et le délai d’appel avait été très long.»
Pourtant, les autorités lavalloises en santé et services sociaux exigent un plan d’action depuis décembre 2013 au gestionnaire de l’endroit, Adel Kirloss, qui réside à Toronto. On sait que la résidence ne possède ni gicleurs ni portes coupe-feu, sans compter cette absence de protocole d’évacuation.
«N’empêche, il faut faire attention, le Manoir Chomedey n’a rien à voir avec le type de bâtiment où s’est produite la tragédie de L’Isle-Verte, de continuer André St-Hilaire. Il est incombustible et notre service de pompiers est permanent, mais il est difficile de croire que des propriétaires n’ont pas retenu cette leçon.»
Il existe 50 résidences accréditées sur le territoire lavallois et les gestionnaires ont investi 7 M$ dans des modifications afin de répondre aux nouvelles normes de sécurité. Parmi elles, le Manoir Chomedey fait partie des négligés.
Faux engagements
Un préavis de révocation du certificat avait été envoyé à Adel Kirloss le 11 novembre. Le 25 avril, une lettre a confirmé la perte de celui-ci. De nombreuses inspections et discussions avaient été effectuées depuis deux ans et demi. Un rapport du Service de sécurité incendie indiquait 16 infractions à corriger.
«La moitié des points ont été réglés, mais ce n’est pas suffisant pour assurer la sécurité des gens», de préciser André St-Hilaire.
Dans une sortie publique, Régis Pearsons et Élyse Laurin, du (CISSS) de Laval, ont aussi relaté les multiples engagements du gestionnaire pour régler adéquatement la situation. À chaque demande de correction faite par le CISSS, le propriétaire entamait un processus d’appels d’offres, convoquant architectes et techniciens.
«Or, quand venait le temps de signer le premier chèque, rien n’était signé, de marquer Régis Pearsons, directeur du programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées. Nous ne pouvons plus accepter ce discours sur de futures rénovations et délais sans résultat. Si des actions concrètes avaient été posées plus tôt, nous n’en serions pas là.»
Déménagements et transferts
Le Manoir Chomedey comprend trois sections. Une tour d’habitation remplie au tiers de sa capacité de 300 personnes, la ressource intermédiaire L’Archange qui accueille 29 citoyens ayant des troubles cognitifs, principalement l’Alzheimer, ainsi que l’Arbre de vie et ses 9 résidents en lourde perte d’autonomie.
Les résidents en pleine possession de leurs moyens seront rencontrés sur une base individuelle pour leur expliquer les conséquences de la révocation, notamment la perte des services d’infirmerie et de cafétéria. S’ils désirent déménager, ils pourront recevoir une aide pour se reloger ailleurs.
Les gens de L’Archange seront transférés dans une ressource intermédiaire toute neuve, La Ficelle, prête à les recevoir le 6 juin, alors que les 9 autres résidents seront redirigés dans le réseau sur l’île Jésus.
Notons qu’afin d’assurer la sécurité des résidents les plus vulnérables, différentes mesures compensatoires ont été mises en place.