Dans une salle voisine du centre de congrès Paragon, une heure avant l’ouverture des audiences, l’administration Demers avait donné rendez-vous à plusieurs dizaines de citoyens lavallois, dont le réputé cardiologue François Reeves qui n’a pas manqué de saluer le courage politique de celui qui est monté au créneau.
«Depuis que je m’intéresse à la cardiologie environnementale, j’ai toujours dit que les maires étaient ceux qui avaient le plus d’influence sur la qualité de vie et la santé des citoyens. Voilà un bon exemple d’intervention», a commenté Dr Reeves.
Pollution atmosphérique
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la pollution atmosphérique cause annuellement sept millions de décès sur la planète, soit un décès sur huit, a indiqué le cardiologue et auteur du livre Planète Cœur, paru en 2011.
Au Canada, la pollution de l’air entraînerait quelque 20 000 décès excédentaires et des coûts de santé de l’ordre de 9 milliards de dollars chaque année, a-t-il enchaîné.
Siégeant au Comité-conseil sur les changements climatiques du ministère de l’Environnement, Dr Reeves a également mentionné que ce projet d’oléoduc allait à contre-courant, alors que Québec se donne pour cible de réduire de 37 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 15 ans.
Sables bitumineux
Responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace Canada, Patrick Bonin, qui avait précédé Dr Reeves au micro, a justement rappelé que ce «projet à très haut risque pour l’eau potable et les populations» contribuerait à doubler la production du pétrole extrait des sables bitumineux d’ici 2030.
Cette exploitation constitue «le problème environnemental le plus important au Canada et la principale source des émissions de gaz à effet de serre», a souligné M. Bonin, précisant que le Québec devait choisir entre investir dans les technologies vertes 100 % renouvelables ou se faire complice de l’expansion des sables bitumineux.
Rappelons que le projet d’oléoduc Énergie Est permettrait de transporter quotidiennement environ 1,1 million de barils de pétrole brut de l’Alberta et de la Saskatchewan vers des raffineries de l’Est du Canada.
Quant au maire Demers, il a pour sa part fait valoir que si la Colombie-Britannique a réussi à bloquer le projet, le Québec pouvait en faire autant.
«On a notre mot à dire. Je pense qu’on a le pouvoir de décider de notre sort et de ce qu’on veut léguer à nos enfants», a-t-il lancé, ajoutant au passage que la responsabilité des élus est d’assurer la sécurité des citoyens.