Menacé par un projet de tours résidentiel sur plus de la moitié de sa superficie, le bois du Trait-Carré a retenu l’attention à la période de question citoyenne de la séance du conseil municipal du 10 juillet.
Cinq citoyens se sont présentés au micro, dont le directeur général de CANOPÉE, ce nouvel organisme régional chargé de veiller à la mise en valeur des bois d’intérêt et orphelins de Laval.
Doté d’une maîtrise en agroforesterie, Yann Vergriete a cherché à savoir si on avait mesuré les bienfaits et avantages à conserver intégralement ce dernier îlot de fraîcheur au cœur du centre-ville avant d’en offrir la moitié au Fonds immobilier de solidarité FTQ.
«La Ville a-t-elle évalué la valeur totale à long terme au niveau de la qualité de vie, coûts de santé, services écosystémiques, attractivité du centre-ville et valeur des terrains aux alentours?» a-t-il demandé, intéressé à consulter le rapport d’évaluation, le cas échéant.
Voisinage vulnérable
En préambule, M. Vergriete avait pris soin de souligner la forte présence de résidents «parmi les plus vulnérables vivant déjà à proximité des pires îlots de chaleur de la région», rappelant du coup les 70 victimes qu’a fait au Québec la récente vague de chaleur extrême, dont 5 à Laval.
Avant lui, Pierre Anthian, ex-conseiller municipal de l’endroit qui avait fait de la protection de ce boisé son cheval de bataille, chiffrait à 1200 le nombre de personnes âgées occupant les deux résidences bordant cet espace naturel à ses extrémités nord et sud. «À la Résidence Soleil, l’âge moyen des résidents est de 82 ans», a-t-il précisé.
Président du comité des résidents de l’Oasis St-Martin (l’autre résidence), Jean-Bernard Desrosiers est également venu donner son appui au projet de l’opposition visant à conserver l’entièreté du boisé tout en y incluant une école verte de niveau primaire.
Pétition et coup de sonde
Par ailleurs, M. Anthian a ponctué son intervention de d’autres statistiques, nommément les quelque 4000 signataires en appui à la sauvegarde de ce boisé – situé au quadrant sud-est des boulevards Saint-Martin et de L’Avenir – à la faveur d’un grand parc urbain.
Également, il a évoqué le sondage maison menée le mois dernier sur la page Facebook du Courrier Laval, où 97 % des répondants étaient favorables à la préservation intégrale du bois du Trait-Carré. En chiffres absolus, seulement 16 des 468 répondants se disaient contre.
«La question du Courrier Laval ne parlait pas de chiffres […] Faut dire les choses», a réagi Virginie Dufour, après avoir révélé pour la première fois qu’une telle décision impliquait des coûts «entre 20 et 26 M$».
À la lumière de cette nouvelle information, la question a de nouveau été posée à nos cyberlecteurs, cette fois pour savoir si la Ville devait payer 20 M$ pour conserver intégralement le bois du Trait-Carré. Résultat: 67 % des quelque 950 répondants ont coché oui.
Demande d’engagement
Administratrice à l’Association pour la protection du Boisé Ste-Dorothée et chargée de projet à CANOPÉE, Carole Garceau a également pris la parole au dernier conseil, soulignant d’entrée de jeu l’importance de protéger les milieux naturels à proximité des secteurs fortement minéralisés.
Puis, elle a adressé cette demande au maire Demers: «Si la Ville décidait de procéder quand même à la vente d’une partie du bois du Trait-Carré, est-ce qu’elle pourrait s’engager publiquement à dédier à la conservation et la mise en valeur des milieux naturels lavallois les [17,5 M$] millions de dollars qui seront tirés de cette vente ainsi que les revenus de taxes qui seront engendrés par le développement immobilier [tours de condos]?»
Ces sommes, a-t-elle ajouté, devraient s’ajouter aux budgets annuels déjà alloués aux acquisitions d’espaces verts à travers le territoire.