La séance régulière du conseil municipal du 10 juillet décidera du sort du dernier espace vert au cœur du centre-ville lavallois.
Les élus y débattront de la proposition de l’opposition officielle à l’effet de «conserver l’entièreté du bois du Trait-Carré dans le domaine public en le préservant du développement immobilier».
Rappelons que l’administration Demers entend céder 60 % de ce milieu naturel au Groupe immobilier FTQ, ce qui permettrait de régler un litige qui perdure depuis l’expropriation de ce dernier pour faire place à la Place Bell. Le promoteur réclame 15 M$ en dommages à la Ville pour compenser la perte de profits à laquelle il a dû renoncer en 2013.
«C’est notre dernière chance de doter Laval d’un espace vert de qualité au centre-ville comme l’ont fait Montréal et New York avant nous», déclarait le mois dernier le chef de Parti Laval, Michel Trottier, en citant le parc du Mont-Royal et Central Park.
École verte
Si la proposition principale réjouit le chercheur en éthique de l’environnement et cofondateur des Amis du Boisé du Souvenir, Daniel Desroches, ce dernier s’oppose au second volet de la proposition qui «réserve un emplacement pour qu’une école puisse s’y intégrer en harmonie avec cet environnement».
Il soutient qu’un secteur entièrement minéralisé comme celui du centre-ville milite en faveur d’une protection intégrale des 12 hectares de boisé «et non pas en faveur d’une école nature ni d’un développement avec le Fonds immobilier de solidarité FTQ ou tout autre partenaire».
Le citoyen expert précise que «même avec un toit vert et une certification lead, ce n’est pas convaincant».
Vision à long terme
M. Desroches fait valoir le projet récréotouristique de promenade végétalisée dont rêve Tourisme Laval pour le centre-ville, un lien vert qui connecterait notamment le bois du Trait-Carré au Boisé du Souvenir, cet espace vert dont on doit incidemment la sauvegarde définitive à la lutte menée par son groupe ces dernières années.
«La discussion devrait porter sur la valeur écologique du boisé et sa place dans un grand parc le reliant à d’autres milieux naturels existants», martèle-t-il.
À cet égard, évoquant l’affirmation du maire Demers selon laquelle la friche estimée à 60 % du boisé «n’a aucune valeur écologique», Daniel Desroches persiste et signe.
«La friche arborée n’est pas du tout comparable à une friche en regénération, c’est indiscutable. Elle comporte déjà une présence d’arbres matures, insiste le scientifique, ajoutant que sacrifier 7 des 12 hectares au développement aurait pour effet de rendre extrêmement vulnérables les 5 hectares de boisé restants. D’un point de vue écologique, ça n’a aucun sens.»
Le bois du Trait-Carré est enclavé entre les boulevards de L’Avenir, Laval, Saint-Martin et Du Souvenir.