Le bras droit du maire Demers, David De Cotis, admet que ce serait une bataille difficile à gagner. «Une analyse nous a démontré que de nombreux restaurants se trouvaient déjà autour des écoles, explique-t-il. Le principe du droit acquis nous empêche de bannir les restaurants de malbouffe à proximité des écoles.»
Le vice-président du comité exécutif a insisté sur le fait que la municipalité aurait beaucoup de difficulté à définir dans un règlement de son schéma d’aménagement ce que constitue de la restauration rapide.
«La définition de la malbouffe n’est pas claire. Est-ce des patates frites, des hot-dogs, de la poutine? On pourrait dire que des restaurants offrent de la malbouffe, mais s’ils offrent aussi des repas santé comme de la salade, on fait quoi?»
Un manque de courage
Michel Trottier, conseiller municipal et chef de Parti Laval, est convaincu que les municipalités peuvent légiférer pour réglementer les usages à proximité des écoles de la restauration rapide.
«Alors que Montréal s’engage dans un combat juridique pour défendre la décision de l’un de ses arrondissements de limiter la restauration rapide, l’administration Demers a baissé les bras afin d’encadrer la malbouffe autour des écoles. C’est un manque de courage», lance-t-il.
«Dans un avenir rapproché, il y aura la construction d’écoles. C’est le devoir d’une Ville de contrôler l’environnement par des règlements de zonage et la révision de son schéma d’aménagement est une occasion de le faire. Ça permettrait de ne plus ouvrir ce genre de restaurants», croit-il.
Le conseiller municipal de Fabreville fait partie de la cinquantaine de signataires de responsables d’organismes québécois qui revendiquent plus d’autonomie municipale. «Il est prouvé qu’un service de restauration rapide dans un rayon de 160 mètres d’une école contribue à faire augmenter de 5,2 % le taux d’obésité chez les jeunes et dans des quartiers défavorisés, le taux augmente davantage. Une municipalité doit prendre ses responsabilités», conclut-il.
De nombreux gestes
M. De Cotis croit que la Ville doit investir de l’argent et de l’énergie dans la création de sa politique de l’activité physique plutôt que dans des batailles juridiques.
Outre la promotion de l’activité physique, M. De Cotis a vanté le développement du réseau de pistes cyclables pour favoriser les déplacements actifs.
«Nous avons aussi plusieurs projets comme le prêt d’équipements dans les parcs, ballons, patins, skis, raquettes et bâtons de hockey. Nous voulons que nos jeunes jouent dans les parcs», insiste-t-il.
Le projet de Place Bell avec ses deux patinoires communautaires et un centre aquatique de 57 M$ promis pour 2020 permettront aux Lavallois de s’adonner à la pratique sportive.
«Nous préférons parvenir aux mêmes objectifs, soit de favoriser la santé des jeunes, en faisant la promotion des saines habitudes de vie. Je pense que nous aurons plus d’impact de cette façon», termine David De Cotis.
CSDL veut collaborer
Jean-Pierre Archambault, porte-parole de la Commission scolaire de Laval (CSDL), n’a pas caché vouloir collaborer rapidement avec la Ville.
«Depuis de nombreuses années, nous avons une politique sur les saines habitudes de vie qui comprend un volet de saine alimentation à la CSDL. Ça fait partie de notre plan stratégique. On en a fait une priorité!
M. Archambault croit qu’il est important de sensibiliser le plus rapidement possible les jeunes, dès le préscolaire. «Ce sera gagnant pour la communauté», enchaîne-t-il, ajoutant qu’une nutritionniste fait la révision des menus dans les écoles.
Le verre à moitié plein
Le porte-parole de la CSDL s’est dit déçu de la position de la Ville concernant la malbouffe, mais «comprend qu’il y avait des enjeux importants d’application d’un tel règlement.»
«Nous préférons que les ressources et énergies soient investies dans les saines habitudes de vie et la jeunesse lavalloise que devant la justice», termine Jean-Pierre Archambault.