«Une année phénoménale», convient Jacques Chapdelaine, économiste au bureau régional d’Emploi Québec. Un sommet historique qui éclipse l’ancienne marque qui tenait depuis près de 20 ans, à savoir un taux de 6,2% enregistré en 1988.
Difficile de faire mieux
Une année remarquable, donc, qui devance de quatre ans les projections les plus optimistes, alors qu’en 2006, on projetait atteindre le seuil du 5% qu’en 2011. La barre a été fixée à un tel niveau qu’il est difficile de croire que la région puisse faire mieux en 2008. «On pourra difficilement aller en bas de ça», reconnaît M. Chapdelaine, ajoutant que «si on retourne à des taux de 6% en 2008, ce sera une autre performance exceptionnelle». Outre le chômage saisonnier, l’économiste évoque le chômage frictionnel qui représente à lui seul un bon 3 % à 4 %. «Quand ça va bien, les gens bougent; ils quittent souvent un emploi pour un autre». En foi de quoi, il persiste et signe, restant fidèle à son scénario de 2006: «La situation de l’emploi va continuer à bien se porter et le taux de chômage demeurera inférieur à ce qu’on a connu au cours des 20 dernières années.» Depuis dix ans, le taux de chômage a fondu de moitié, passant de 11,1% en 1997 à 5,1% l’an dernier. Au pire de la récession, la région avait enregistré en 1993 un record bien peu enviable avec un score de 13,7%, la pire performance dans l’histoire de Laval.
Tendance lourde
Toujours selon le principal intéressé, les effets du déclin démographique commencent à se faire drôlement sentir. Avec la cohorte des enfants d’après-guerre qui avancent irrémédiablement vers la retraite, les travailleurs seront plus nombreux à quitter le marché du travail qu’à y entrer. «Les bassins de futurs travailleurs ne suffiront pas à combler tous ces départs à la retraite; ce phénomène touche non seulement le Québec et le Canada, mais l’ensemble des pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques]», précise-t-il. Dès 2011, pour la première fois de notre histoire, la population active commencera à reculer au Québec. Bien qu’à Laval ce recul ne soit prévu que pour 2016, on note une faible croissance chez les 0-24 ans, fait-il observer. Qui plus est, les taux d’activité et d’emploi atteignent aujourd’hui des sommets inégalés. «Le taux d’activité flirte avec les 70% chez les 15 ans et plus, alors qu’il approche les 80% chez le groupe de 15 à 64 ans. Cette donnée en dit long sur l’occupation de la population en âge de travailler et sur les réserves disponibles à l’emploi», fait valoir M. Chapdelaine. En somme, la logique statistique est assez simple: moins il y a de candidats pour travailler, plus nombreux sont les gens au travail. «À moins d’une récession, on ne reverra plus des taux de chômage avoisinant les 10%», termine l’économiste d’Emploi Québec Laval.