La Ville de Laval est désormais propriétaire de deux des trois grandes îles formant l’archipel Saint-François.
L’administration Demers en a fait l’annonce officielle aujourd’hui, dimanche 25 octobre.
En entrevue au Courrier Laval, le maire Marc Demers a d’emblée rendu hommage à l’organisme Sauvons nos grandes îles et sa présidente-fondatrice, Huguette Larochelle, qui pendant 12 ans ont porté ce dossier à bout de bras.
«N’eût été de leur travail, on n’aurait pas pu faire l’acquisition de ces îles-là», reconnaît-il en évoquant l’île aux Vaches et l’île Saint-Pierre baignées par les eaux de la rivière des Mille îles.
21,9 M$
Les deux îles ont été acquises au coût de 21 900 000 dollars, dont 14, 9 M$ assumés par la Municipalité.
Cela dit, M. Demers n’a pas manqué de saluer «la contribution essentielle» du gouvernement Legault et de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, qui ont allongé la rondelette somme de 7 M$ pour ficeler le montage financier.
«L’achat de ces deux îles représente réellement deux pas de géant en matière de protection de l’environnement» – Marc Demers
Pour leur part, les autorités municipales ont versé un montant de 4,9 M$ en plus de céder un terrain d’une valeur de 10 M$ situé sur l’avenue des Pélicans, à l’est du pont de l’autoroute 25, à la société du Parc des trois îles, une filiale de la société de portefeuille Investissements Monit qui en était propriétaire.
C’est d’ailleurs l’attrait que présentait ce terrain «prêt à développer» qui a permis non seulement de relancer les négociations avortées au printemps 2018, mais d’en arriver à cette «heureuse conclusion», souligne le maire.
On se souviendra que l’entente de principe visant ces deux mêmes îles, alors négociée en 2017 au coût de 21 M$ par les représentants de la Ville, était tombée à l’eau, l’année suivante, à la suite d’une mésentente avec ses partenaires financiers qu’étaient la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et le gouvernement libéral.
À l’époque, le propriétaire, Alex Kotler, estimait la valeur marchande des Îles aux Vaches et Saint-Pierre à 80 M$, rappelle au passage le maire en vantant le «travail de négociation» de ses équipes.
Un précédent
M. Demers, qui avait fait de l’acquisition des trois grandes îles un engagement électoral à sa première campagne en 2013, parle ici d’un précédent.
«Jamais une Ville n’a contribué à l’achat d’ îles ou d’un parc», mentionne-t-il tout en évoquant le parc national des Îles-de-Boucherville, qui avait été créé et financé exclusivement par le gouvernement provincial.
Le fait de disposer d’un parc régional de conservation sur la rivière représente pour la Ville «une valeur aussi grande que le mont Royal pour l’île de Montréal», soutient le principal intéressé.
Biodiversité
À elles seules, les îles aux Vaches et Saint-Pierre forment 82 % de la superficie totale de l’archipel Saint-François. En chiffres absolus, c’est 161 des 196 hectares où ont été recensées plus de 245 espèces végétales et 226 espèces animales.
Ce parc équivalant à 230 terrains de soccer fera l’objet d’«un plan d’aménagement», dont pourront éventuellement bénéficier les citoyens à la faveur d’«activités écoresponsables comme la marche, le cyclisme et le kayak», fait valoir la Ville.
Les îles possèdent toutes deux une diversité végétale impressionnante avec des écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE), dont un peuplement d’érables noirs sur l’île aux Vaches.
«[L’]archipel représente un élément unique dans le paysage urbain du sud du Québec par son assemblage de forêts, de boisés, de rives, de marais, de marécages et d’herbiers», peut-on lire dans un communiqué publié le 26 octobre.
De loin la plus vaste avec ses 141 hectares, l’île aux Vaches se démarque par l’abondance et la diversité des amphibiens qui s’y trouvent et la présence de grands mammifères.
Quant à l’île Saint-Pierre qui occupe 20 hectares, elle offre des habitats supplémentaires à ces mammifères de même qu’aux oiseaux.
Une militante heureuse
«Je suis entièrement heureuse, a lancé la présidente de Sauvons nos trois grandes îles, Huguette Larochelle. C’est un jour de fête et de réjouissances».
Celle qui a voué ses 12 dernières années à la défense de ce patrimoine naturel milite depuis 30 ans pour la cause environnementale. «L’achat de l’île aux Vaches et de l’île Saint-Pierre marque un jalon important de mon engagement.»
Rappelons qu’en 2010, elle et son groupe avaient déposé une pétition à l’Assemblée nationale de plus de 41 000 signatures pour demander l’achat et la protection des trois îles.
Cette double acquisition l’encourage pour la suite des choses, alors que l’île Saint-Joseph, la troisième île de l’archipel, demeure à acquérir. «C’est par étape qu’un rêve se réalise», a-t-elle ajouté, soulignant que de «toutes façons, il n’y aura jamais de développement sur l’île Saint-Joseph».
Autres réactions
Ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest a déclaré par voie de communiqué que «ce n’est pas tous les jours que l’on peut remettre deux très grandes îles situées en pleine région métropolitaine de Montréal au domaine public».
Son collègue à l’Environnement et ministre régional de Laval, Benoît Charette, s’est réjoui à l’idée que «les Lavallois pourront profiter de ces lieux riches» et a salué «la Ville de Laval pour l’initiative et son engagement dans la protection de notre environnement et nos espaces verts».