«Nous recrutons à l’année par le Centre de bénévolat de Laval et notre journée porte ouverte, mais nous ne sommes jamais en souffrance», confie Sylvie Forget, responsable des loisirs et des bénévoles à la résidence Rose-de-Lima, qui compte plus d’une centaine de bénévoles donnant au minimum une demie journée par semaine de leur temps. À la Cité de la Santé, 170 bénévoles, dont une majorité de personnes retraitées, donnent de leur temps. «Nous avons toujours besoin de bénévoles, mais cela en fonction de nos domaines d’activités», explique Monique Deschamps-Coutu, responsable des bénévoles au Centre de santé et de services sociaux de Laval, ajoutant que l’important est de trouver l’arrimage parfait entre «le bon bénévole et le bon secteur d’activité».
Centre de bénévolat
La majorité des personnes devenues bénévoles à Laval ont d’abord convergé vers le Centre de bénévolat, fondé il y a plus d’une vingtaine d’années.
Réjane Goyer, vice-présidente du Centre, avoue que les besoins de bénévoles sont constants, notamment pour un secteur comme celui de l’accompagnement médical.
Contrairement à certains, elle admet que le recrutement est «de plus en plus difficile». «D’un côté la population vieillit, mais de l’autre, les personnes bénévoles sont souvent retraitées», constate Mme Goyer en guise d’hypothèse à la difficulté de recrutement.
Une fois la candidature de bénévole reçue, une enquête est effectuée sur chacun. «Les refus sont très rares, parce que les gens savent que nous faisons une enquête», assure M. Goyer.
Voleur de job?
Très présents dans le domaine de la santé, les bénévoles se retrouvent dans de multiples secteurs d’activités, de l’accueil à l’urgence, en passant par les soins palliatifs et l’oncologie. Reste que selon Monique Deschamps-Coutu, la place qu’occupent les bénévoles est bien définie et n’empiète en rien sur le travail des professionnels de la santé.
Selon Jacques T. Godbout, sociologue et chercheur à l’Institut national de recherche scientifique (INRS), de plus en plus de domaines tendent à utiliser le bénévolat afin de combler un manque de main-d’œuvre. «Cette réalité date de l’État providence, avant même la domination néolibérale, où la décision a été prise que tout allait être géré par l’État, laissant place à une certaine irresponsabilité citoyenne», laisse entendre M. Godbout, ajoutant qu’une «vague de revalorisation est ensuite venue frapper l’action citoyenne». «Le problème vient du moment où l’État s’est mis à utiliser le bénévolat à sa guise», note-il.
M. Godbout dénonce ainsi certaines subventions de l’État dans le domaine des services sociaux «où l’on voit se transformer des organismes communautaires en quasi-appareil de l’État et où on fixe des obligations à des bénévoles».
Ces obligations dénaturent, selon ce sociologue, le bénévolat. «L’acte de bénévolat, libre et gratuit, envers un inconnu, est un geste de contestation radicale de la mondialisation marchande, laquelle affirme que le temps n’est que de l’argent», écrit Jacques Godbout dans Le bénévolat n’est pas un produit.
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