Par Micheline Duff. La veille de Noël, le père Noël avait entrepris la distribution des étrennes dès I’arrivée de la noirceur en fin d’après-midi.
Il en avait pour toute la soirée et la nuit à circuler dans le ciel sur son traîneau tiré par Rudolph, le petit renne au nez rouge. Ce dernier devrait s’arrêter au-dessus de chaque maison où se trouvaient des enfants sages pour laisser descendre ses lutins afin d’y déposer les cadeaux au pied de l’arbre de NoëI.
Heureusement, le petit renne était en bonne forme et remorquait joyeusement le charriot dirigé et éclairé par son nez rouge. Un nez fabuleux!
Hélas, un grand malheur se produisit tout à coup et Rudolph buta dans un épais nuage trop rempli de neige, Quand le père Noël s’aperçut qu’il avait une patte cassée, il devint découragé.
Dieu du ciel! Comment lui et ses lutins allaient-ils continuer d’apporter des cadeaux aux enfants? Tous lutins s’assirent sur le bord du traîneau en se grattant la tête. Soudain, l’un des lutins bondit sur ses pieds. Il venait d’avoir une idée mirobolante.
– Attendez-moi! s’écria-t-il. Je reviens bientôt avec une solution!
Il alla d’abord retrouver Rudolph endormi au fond du traîneau, puis il descendit à toute vitesse sur la terre, atterrissant dans la cour, derrière une maison.
Tout au fond, un papa avait aménagé une patinoire sur laquelle un petit garçon jouait au hockey en compagnie de son énorme chien Toto. Sous la lumière d’un lampadaire, il s’exerçait à lancer une rondelle dans les buts. Quand elle n’entrait pas dans le filet, Toto accourrait aux alentours pour aller la chercher et la lui rapporter.
Proposition inusitée
En voyant surgir le lutin, Jacob et son chien restèrent figés par la surprise. Quoi? Que faisait-il là? N’était-il pas occupé à livrer des cadeaux cette nuit? Si Jacob se garda d’émettre un son, Toto, lui, se mit à aboyer de toutes ses forces.
– Tais-toi, mon beau chien, s’écria le lutin. Je viens ici en ami.
Puis, se tournant vers le petit garçon, il ajouta:
– J’aurais un service à te demander. Le renne du père Noël s’est blessé et nous n’avons personne pour tirer le charriot. Nous prêterais-tu ton chien pour nous dépanner durant cette nuit, mon petit Jacob?
– Mon chien? répondit le garçon. Je voudrais bien, mais il ne sera jamais capable de tirer l’énorme traîneau rempli de cadeaux. C’est bien trop pesant pour lui!
– Ne t’inquiète pas, je vais m’arranger avec ça, répliqua le lutin en fouillant dans sa poche.
Il en ressortit un petit objet rouge brillant, rond comme une boule. C’était le nez rouge de Rudolph, un nez magique, féérique, qui rendait fort et habile celui qui le portait. Cela rendrait Toto capable de transporter le charriot du père Noël à travers le grand ciel!
– Je te rapporterai ton chien durant la nuit de Noël et je déposerai une belle récompense pour te remercier, dit le lutin.
Jacob hésita quelque peu à accepter la proposition, mais finit par consentir à prêter Toto. Le lutin s’approcha alors du grand chien en lui montrant le nez rouge qu’il lança comme une balle à côté du filet de hockey.
Bien sûr, Toto bondit vers le fond du terrain pour aller chercher ce qu’il croyait être une balle. Quand il la rapporta au lutin, ce dernier la lui fixa sur le bout du museau et Toto eut un nez rouge. Il commença alors à sautiller et à galoper pour essayer de le rattraper.
– Viens-t’en mon chien, tu vas courir après ce nez rouge durant toute la nuit, s’écria le lutin en s’assoyant sur le dos de Toto.
Mission accomplie?
Puis, tous deux montèrent dans le ciel pour disparaître dans la nuit en saluant Jacob. Quand ce dernier retourna dans sa maison et que sa mère lui demanda où se trouvait Toto, il ne savait trop que répondre.
– Il est parti tout là-haut dans le ciel pour tirer le charriot du père NoëI. Ne t’en fais pas, maman, demain matin, il sera revenu…
Évidemment, elle ne comprit pas un mot de ce que son garçon racontait et, fâchée, elle envoya son mari et son fils aîné à la recherche de Toto dans les rues de la ville.
Bien sûr, après de nombreuses heures, ils revinrent bredouilles, croyant qu’un vilain voleur de chien s’était emparé de Toto. Tous les membres de la famille s’attristèrent de la perte de l’animal qu’ils adoraient, sauf Jacob.
Le garçon était convaincu qu’il rentrerait cette nuit, quoique… Si ses parents avaient raison? Si le lutin était un bandit déguisé? Non, non… Il mit des heures à s’endormir, et il fut le premier à descendre au salon aux premières lueurs du matin de NoëI.
Oufl Il poussa un grand soupir de soulagement en découvrant Toto endormi profondément sur le divan, à moitié mort et sans son nez rouge. De plus, le père Noël était venu et avait déposé plein de cadeaux devant le sapin.
À côté de Toto, il trouva une boîte vide présentant un collant avec les mots «Merci à Jacob et à Toto». Surpris, il souleva la tête et découvrit à ses côtés le bébé chat le plus mignon du monde. Une petite carte était appuyée au fond de la boîte avec cette note: «Je m’appelle Titi et j’aimerais bien devenir l’ami de Toto et de Jacob en souvenir de cette merveilleuse nuit de Noël».