Depuis son entrée en fonction, il y a sept mois, Robert A. Dubé a multiplié les gestes afin de mettre l’organisation à sa main. À commencer par la refonte en règle de la structure organisationnelle où chacun des 34 employés de l’organisme de développement économique a vu redéfinir son rôle et ses responsabilités.
Effet boomerang
Cette opération d’envergure visait, à l’origine, à simplifier la structure, clarifier les rôles et à ajouter à la responsabilisation du personnel, de manière à rendre la machine plus efficiente.
Voilà notamment quelques points qui étaient à améliorer selon le «diagnostic sommaire» qu’a rapidement dressé de son organisation le nouveau directeur général, après en avoir identifié les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces.
Or, il semble que ce qui devait contribuer à insuffler aux troupes un plus grand sentiment d’appartenance et à souder davantage l’esprit d’équipe ait produit l’effet inverse. À l’intérieur de la boîte, les récriminations sont nombreuses. Ayant l’impression d’avoir été détournés de leur mission première, les employés qui ont accepté de parler sous le couvert de l’anonymat disent passer plus de temps à préparer et à remplir des rapports qu’à faire du développement économique. «La machine tourne à vide», dénoncent-ils.
Démobilisation
Par ailleurs, les attentes créées par une politique d’équité salariale auraient, semble-t-il, suscité bien des déceptions auprès des employés.
Certains auraient souhaité une plus grande transparence dans le processus de sélection ayant mené à la nomination de deux employées à des postes de direction nouvellement créés et comblés sans aucun affichage, déplore-t-on. Selon différentes sources, la démobilisation qui afflige plusieurs membres du personnel expliquerait que certains songeraient sérieusement à joindre les rangs de la section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Déjà informé du malaise qui mine les troupes au sein de Laval Technopole, le président du syndicat des cols blancs de la Ville de Laval, Richard Nadon, nie catégoriquement avoir eu la moindre discussion à cet effet. «Aucune approche en ce sens n’a jamais été faite de part et d’autre; je ne sais même pas combien d’employés regroupe l’organisme», affirme le haut dirigeant de la section locale 1113 du SCFP.
Rien d’inquiétant
Informé de la chose, Robert Dubé refuse de parler de crise.
«Une période d’adaptation est nécessaire à la suite de n’importe quel changement organisationnel», explique le successeur de Pierre Bélanger, qui a restructuré la façon de faire le travail en privilégiant une approche dite matricielle, à savoir davantage orientée vers le travail d’équipe plutôt qu’en silo. «C’est tout à fait normal; on est plus ou moins favorable au changement. Certains sont positifs et adoptent rapidement les nouveaux styles de gestion, d’autres sont plus craintifs et résistants au changement. C’est humain», minimise-t-il.
Affirmant ne pas être inquiet de la situation qui prévaut actuellement, il enchaîne:«En management, ça fait partie des étapes normales. L’important, c’est de bien communiquer cette vision-là à l’interne».
Selon un informateur digne de foi, le malaise serait plus profond. Tant et si bien qu’une demi-douzaine d’employés, contestant le leadership et le style de gestion de Robert A. Dubé, auraient remis à jour leur curriculum vitae dans une démarche de recherche d’un nouvel emploi.