Depuis le lundi 12 février, les travailleuses de la cafétéria du Collège Montmorency sont en grève générale illimitée (GGI) suite à deux instances de grève qui n’ont pas eu les résultats escomptés.
Le vendredi précédant le déclenchement de la GGI, les représentantes syndicales étaient en rencontre de négociation avec leur employeur, le Groupe Compass Canada.
Selon elles, un cadre de l’entreprise s’est déplacé depuis Toronto pour leur présenter une contre-offre à la limite du ridicule.
«Ils sont arrivés avec aucun [nouveau] mandat, ils ont à peine bonifié leur offre, déplore Paula Viveiros, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la cafétéria du Cégep Montmorency-CSN. Ce n’est pas assez pour nous. Ils se sont déplacés pour pas beaucoup. On vise toujours [un salaire de] 18$ de l’heure, parce qu’avec 16$ de l’heure, on n’est pas capables de vivre.»
Depuis le lundi 12 février, le groupe d’une vingtaine de travailleuses brave la température hivernale en piquetant devant le Collège.
L’employeur n’a pas donné signe de vie au syndicat depuis le déclenchement de la GGI.
Au Courrier Laval, Sylvie McDuff, gérante de district du Groupe Compass au Québec, a affirmé: «Nous sommes activement engagés dans le processus de négociation afin de parvenir à des conditions contractuelles justes et raisonnables. Nous restons à la disposition du syndicat pour de nouvelles discussions et espérons parvenir à un accord rapidement.»
Ligne de piquetage
Le mardi 20 février, d’autres organisations syndicales sont venues portées main forte à la lutte du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la cafétéria du Cégep Montmorency-CSN.
Il s’agit du Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency (SEECM), du Syndicat des employés de soutien du Collège Montmorency et du Syndicat des employés de magasin et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ), qui mène présentement sa propre lutte syndicale.
«Nous, on cultive la solidarité parce qu’on pense qu’avant d’en demander aux autres, il faut qu’on en donne», déclare la présidente Lisa Courtemanche, précisant que l’ensemble des délégué.e.s syndicaux sont, ce mardi, en instance de conseil général au Holliday Inn de Laval.
Le groupe d’une quarantaine de personnes s’est dirigé vers la cafétéria du collège lavallois et a effectué une chaîne humaine, bloquant l’entrée au service.
Tous les participant.e.s avaient des pancartes à la main où on pouvait lire «16$ l’heure après 25 ans, c’est méprisant» et «Exploitation ouvrière à la sauce 2024 ici, à la cafétéria du Cégep Montmorency».
Sous l’œil attentif des agents de sécurité, la direction du Collège a demandé au regroupement de sortir de l’établissement après une quinzaine de minutes.
Avant de procéder, Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain‒CSN, s’est adressée à la foule d’étudiant.e.s curieux, assis aux premières loges de l’action syndicale.
«Si vous mangez à tous les jours, c’est grâce à ces personnes-là et ça, ça mérite le respect, a-t-elle témoigné avec ardeur, sous les acclamations des grévistes. Et le respect, ça passe par une bonne convention collective! Les gens qui font à manger, il faut aussi qu’ils aient assez de salade pour se nourrir eux-autres mêmes.»
Touchées par la cause, des étudiant.e.s à la technique de physiothérapie se sont jointes à la ligne de piquetage.
«C’est important, ce sont elles qui nous donnent notre nourriture, explique l’une d’elles. Ça n’a pas d’allure d’être payés à peine au-dessus du salaire minimum pendant 20 ans! Il faut leur donner ce qu’elles demandent.»
Conseil d’administration
Le conseil d’administration du Collège Montmorency se réunit ce mardi 20 février. Profitant de l’occasion, les représentant.e.s syndicales des travailleuses de la cafétéria ont envoyé une lettre officielle à la Direction afin de les inviter à considérer leur lutte dans la renégociation du contrat lié aux services du Groupe Compass Canada. Ce contrat viendra à échéance le dimanche 30 juin.
Véronique Leboeuf, directrice au bureau de la performance institutionnelle et de l’innovation au Collège Montmorency, a confirmé que le contrat ne fait pas partie de l’ordre du jour, mais que «la communication envoyée aux membres du CA par le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la cafétéria du Cégep Montmorency sera abordée».
Interrogée par rapport au renouvellement du contrat du fournisseur de services alimentaires, la directrice affirme: «Le choix de nos partenaires est fait en fonction du respect des valeurs de la communauté montmorencienne. Le processus d’appel d’offres pour nos services de cafétéria se déroulera selon des critères quantitatifs et qualitatifs précis.»