À l’aube de ses 78 ans, le maire déchu de Laval vient d’obtenir sa libération conditionnelle totale, lui qui pourra retourner vivre à temps plein chez lui.
Pour une seconde fois en un peu plus d’un an, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) a accepté la requête de Gilles Vaillancourt qui, depuis décembre 2017, jouissait d’une semi-liberté.
Au sixième d’une peine de près de six ans de prison, M. Vaillancourt avait quitté sa cellule à la faveur d’un foyer de transition situé dans le parc industriel Centre, à Chomedey, où il devait se rendre tous les soirs pour y passer la nuit.
On se rappellera que le 1er décembre 2016, celui qui a régné sur Laval pendant 22 ans avait plaidé coupable à trois des chefs d’accusation auxquels il faisait face, soit complot dans le but de commettre un acte criminel, fraude et abus de confiance par un fonctionnaire public.
Conditions
«… la Commission n’a d’autre choix que d’ordonner la libération conditionnelle totale», peut-on lire dans la décision rendue le 6 décembre. On y précise «qu’il n’existe pas de motifs raisonnables de croire» que le demandeur pourrait commettre «une infraction accompagnée de violence avant l’expiration de sa peine».
Toutefois, les trois conditions que la Commission avait imposées à Gilles Vaillancourt dans le cadre de sa semi-liberté, l’année dernière, demeurent.
Ainsi, il lui sera interdit d’être responsable d’investissements ou de questions financières (incluant toutes activités boursières) pour une autre personne, une entreprise, une oeuvre de charité ou une institution, que ce soit contre rémunération ou à titre de bénévole; il lui sera également interdit de s’impliquer dans des activités rémunérées ou bénévoles en lien avec le milieu de la politique et il devra fournir toute l’information financière requise pour satisfaire son surveillant de libération conditionnelle.
Jugées «raisonnables et nécessaires pour protéger la société et favoriser [sa] réinsertion sociale», ces conditions seront en vigueur jusqu’à l’expiration de sa peine, en novembre 2022.
Poli et transparent
Selon l’équipe de gestion de cas affectée à son dossier, Gilles Vaillancourt fait preuve d’un «comportement conformiste» depuis son incarcération.
Un rapport faisant état de son parcours au Centre résidentiel communautaire souligne que l’ex-politicien se montre «poli, ouvert, transparent et volubile dans [ses] interactions avec les intervenants» et qu’il partage son temps entre un emploi (non divulgué) et ses activités de bénévolat qu’il entend d’ailleurs poursuivre en 2019.
… mais peu repentant!
Toujours selon ses intervenants, Gilles Vaillancourt continue «à minimiser et banaliser les gestes» criminels dont il s’est pourtant reconnu coupable.
«Ils notent à votre dossier qu’il est difficile de vous faire parler de votre implication criminelle et que vous changez constamment de sujet, esquivant les questions, écrit le commissaire dans sa décision en s’adressant à M. Vaillancourt. Vous auriez tendance à vous montrer sous un jour favorable en exposant vos réussites et vos réalisations en tant que maire, ou en parlant de cas pires que le vôtre.»
Il ajoute: «Vos intervenants indiquent que vos distorsions cognitives sont très ancrées dans votre mode de pensée. À ce jour, votre introspection et votre responsabilisation demeurent limitées en ce qui a trait aux conséquences sociétales de vos gestes.»
Enfin, Gilles Vaillancourt aurait «exprimé des regrets et de la honte surtout face à [sa] famille et aux torts» causés à celle-ci.
Au moment de plaider coupable en 2016, l’homme derrière le système de corruption et collusion dans l’octroi de contrats publics, à Laval, avait conclu une entente avec la Ville à qui il a remboursé la somme 8,6 M $, dont quelque 7 M$ provenaient de comptes bancaires suisses.