Après 5 ans d’existence, plus de 800 arrestations et de nombreuses perquisitions et saisies, l’Escouade régionale mixte (ERM) gangs de rue Laval / couronne Rive-Nord mettra fin à son travail de collaboration au 31 mars prochain. Le financement de 95 M $ alloué à Québec à l’automne 2008 par le gouvernement fédéral venant à terme, l’alliance des corps policiers créée dans ce district tout comme dans l’Outaouais, Québec et la Montérégie sera rompue.
Ainsi, les membres lavallois de l’ERM Laval / couronne Rive-Nord, soit les six sergents-détectives, l’agent de renseignements, l’analyste criminel, le lieutenant-détective et le personnel civil seront rapatriés à la section antigang de la police de Laval. «On va travailler le même type de criminalité, sauf qu’on va s’occuper de Laval uniquement», précise Antony Donato, lieutenant-détective pour la police de Laval, rattaché à l’Escouade depuis sa création.
Rappelons que celle-ci, composée des policiers de Laval, Saint-Eustache, Repentigny, Saint-Jérôme, Terrebonne, la Régie intermunicipale de police Thérèse-De Blainville et de la Sûreté du Québec couvrait un territoire allant de Rivière-des-Prairies à Mont-Tremblant et de Joliette à Oka, soit 14 municipalités.
Moins efficace ?
Mais cette dissociation nuira à la lutte initiée contre les gangs de rue, prévient le lieutenant-détective.
«En cinq ans, on a vu comment ça a évolué. Au début, on travaillait plus des dossiers de stupéfiants, trafic de drogues, mais ils [les membres de gangs] sont passés à la fraude, au trafic d’armes à feu et même au proxénétisme.» En plus de la plus grande diversité des crimes commis, les gangs de rue se seraient davantage liés, favorisant le travail de collaboration entre les différentes bandes. «C’est devenu une criminalité de marché. Si l’un est bon dans un domaine, il va se trouver un partenaire bon dans un autre domaine. Les bandits se regroupent pour être plus forts et nous on se dissocie», regrette celui qui dit constater en filature des rencontres entre membres de gangs de rue, motards et gens du crime organisé libanais, québécois ou encore italien.
De plus, Antony Donato constate un déplacement de cette criminalité. «D’après une étude du secteur [couvert par l’ERM Laval / couronne Rive-Nord], en 2008, 80 % de la criminalité était à Laval. Mais, depuis, le phénomène s’est déplacé, d’ouest en est à Laval et du sud vers le nord, dont Sainte-Thérèse et Saint-Eustache.»
Travail d’équipe
Bien que la criminalité soit en baisse, celle liée des gangs de rue a bel et bien augmenté, indique Antony Donato.
Et pour mieux lutter contre le phénomène, la section antigang de la police de Laval sera renforcée puisque deux enquêteurs se joindront aux anciens policiers lavallois rattachés à l’Escouade. Un appui utile, mais qui ne suffira pas à radier la problématique, selon le policier en service depuis 28 ans.
«Les gangs de rue, c’est un phénomène de société et ça commence à l’école secondaire. Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue, directions d’écoles, psychologues, policiers communautaires. L’Escouade n’est qu’au bout de la chaîne, quand le gang est inarrêtable.»
Un bilan des résultats obtenus par l’ERM gangs de rue Laval / couronne Rive-Nord devrait être produit et dévoilé dans les prochaines semaines.