Frédérick Wolfe, auteur et scénariste originaire de Pont-Viau, était l’un des cinq finalistes pour le prix TD de littérature canadienne pour l’enfance et la jeunesse avec son roman Toucher les étoiles.
Ce prix récompense les auteurs et illustrateurs pour enfants depuis 2004. Une bourse de 50 000$ sera remise à l’auteur et l’illustrateur du livre primé, le récit documentaire Seuls, écrit par Paul Tom et illustré par Mélanie Baillairgé.
Frédérick Wolfe est l’auteur de plusieurs albums. Il est aussi scénariste d’émissions pour adolescents comme L’effet secondaire ou pour enfants comme YaYa et Zouk. Toucher les étoiles est son deuxième roman jeunesse.
Passion et pression
Toucher les étoiles raconte l’histoire de Madeleine, ballerine de 11 ans qui aime les choses simples de la vie. Le père de cette dernière a des ambitions plus grandes pour la jeune fille – il veut qu’elle soit la meilleure.
Frédérick Wolfe est surpris, mais heureux de voir que son roman paru en février 2022 soit sorti du lot auprès du jury parmi tous les ouvrages jeunesse. L’auteur croit que son roman «a réussi à toucher un sujet nuancé qui n’est pas évident autant pour les enfants que les parents.»
Le jury a aimé le choix de l’auteur de présenter la soif de performance qui peut avoir des conséquences importantes et croit que le roman peut faire réfléchir enfants et adultes.
Le récit de l’auteur a mijoté depuis plusieurs années. Père de deux filles, il a plusieurs fois remarqué la pression mise sur les épaules des enfants, dont on exige toujours plus. «Cette pression, je trouve, vient un peu ternir la beauté du sport et du côté artistique».
C’est d’abord le documentaire de 1978, Les vrais perdants, d’André Melançon qui l’a inspiré. Celui-ci explorait déjà la pression exercée sur les enfants gymnastes, hockeyeurs ou encore pianistes. «Ce film m’a marqué. Il est resté en moi pendant plusieurs années».
De plus, Frédérick Wolfe avait entendu parler de l’histoire d’une fillette forcée à rester assise à l’écart le jour de son anniversaire pour éviter de salir sa belle robe. «Le personnage du père a été cristallisé d’une certaine façon dans ce modèle-là», explique l’auteur inspiré par cette anecdote.
Impressionner la galerie
Selon lui, les parents imposent parfois «leur idéal ou une valeur sociale qui n’est pas celle de l’enfant, mais bien leur perception de la réussite».
Si ces parents veulent le meilleur pour leurs enfants en les encourageant à se dépasser, «je pense qu’il y a d’autres moyens d’atteindre des objectifs. Ça passe, selon moi, d’une volonté personnelle qui a du sens pour la personne qui le fait».
L’auteur a choisi une écriture accessible pour permettre de faire résonner une réalité peut-être similaire chez un lecteur. «C’est une écriture hyperréaliste, c’est pas la recherche de la littérature et de la belle phrase, mais bien d’être proche du personnage».
Frédérick Wolfe décrit sa démarche comme authentique, loin du désir «d’impressionner la galerie».
Ce dernier dit avoir encore une facilité à se mettre à la place d’un jeune. «J’ai pas l’impression que ça varie tant que ça. Ça reste similaire même si on est plus mature et qu’on a plus d’outils. L’émotion n’a pas d’âge.»
Court et utile
Attristé par une telle réalité, l’auteur a cru utile d’écrire sur le sujet. Frédérick Wolfe s’inscrit dans un éventail de projets jeunesse. Autant à la télévision qu’à l’écriture, les histoires jeunesse ont «une portée que je considère utile», souligne-t-il.
En plus d’offrir un format plus court qui lui permet d’avoir un horaire chargé, il sent que l’impact de ses récits est différent d’une œuvre adulte. «J’ai l’impression de pouvoir faire une certaine différence, parce que quand t’es jeune, tu rencontres des livres qui ont une résonance qui peut être plus puissante, parce que c’est ton premier rapport à des histoires».
Toujours occupé, il a plusieurs projets sur la table à dessin dont des romans et une possible adaptation de Toucher les étoiles en scénario télé.