En décembre prochain, le Centre de santé et des services sociaux de Laval (CSSSL) mettra fin à son programme intitulé, «Clinique des troubles relationnels complexes de la Cité-de-la-Santé de Laval».
C’est ce qu’a appris une ancienne patiente, Marie-Christine Urpesz, fin février, lors d’un appel téléphonique de sa thérapeute.
En 2008, Mme Urpesz a fait partie de la première cohorte (A) de personnes à suivre ce programme d’une durée de trois ans à la clinique de jour de l’hôpital.
«Ils veulent faire une autre thérapie moins intensive et plus courte, mais ils vont juste éteindre des feux comme ça», se désole Mme Urpesz.
Financement non récurrent
«Le programme ne sera plus offert dans sa structure actuelle, a déclaré Mathieu Vachon, chef du service des communications du CSSSL. Nous réfléchissons actuellement à une nouvelle formule.»
La Clinique des troubles relationnels complexes de la Cité-de-la-Santé de Laval était un projet pilote. Elle bénéficiait d’un budget non récurrent qui a été rapatrié par l’Agence de santé et des services sociaux de Laval.
Témoignages
Marie-Christine Urpesz souffre de trouble de personnalité limite (TPL) depuis l’enfance. Née dans une famille dysfonctionnelle, elle a commis, jusqu’à ses 37 ans, une trentaine de tentatives de suicide. À la suite de son traitement, elle a commencé à «rêver à la vie».
«Dès le début du programme, j’ai arrêté mes tentatives. Je me suis séparée de mon mari violent, j’ai pris un appartement avec mes enfants. Si je n’avais pas fait cette thérapie, mes enfants n’auraient plus de mère en ce moment», écrit-elle dans une lettre adressée au maire de Laval.
Une autre patiente, Isabelle Ouimet, s’est associée à sa requête. Ensemble, elles écrivent à M. Vaillancourt: «Cette coupure est une erreur à notre avis, puisque cette thérapie était ce qu’il y avait de mieux pour enfin aider cette clientèle.»
Traitement intensif
Durant trois ans, la clientèle TPL inscrite à ce programme a bénéficié de deux à trois rencontres collectives ou individuelles avec une psychologue. «Les six premiers mois, on voyait aussi un psychiatre», ajoute Mme Urpesz.
Le psychothérapeute et professeur associé à l’Université Laval et à l’Université de Sherbrooke, Sébastien Bouchard, écrit dans le magazine Psychologie Québec qu’«un patient présentant un TPL coûte environ 22 000 $ par année à l’État.»
«Il semble souhaitable comme société d’investir dans l’élaboration de programmes de traitement certes coûteux, mais rentables financièrement et socialement», ajoute-t-il.
Deux ans au lieu de trois
Au total, trois cohortes auront suivi cette thérapie intensive. «Malheureusement, le dernier groupe ne complètera pas ses trois ans et devra finir après seulement deux ans à la fin décembre», selon Mme Urpesz. Sur 21 personnes inscrites aux cohortes A et B, 9 ont achevé leur thérapie.
Patrice Machabée, directeur de l’Association lavalloise de parents pour le bien-être mental (ALPABEM), s’attriste que ce programme soit arrêté. «C’est un choix qui a dû être fait en fonction du contexte économique», dit-il.
Environ, 12 à 14 % de la population souffrirait d’un trouble de la personnalité (TP).
Ressource: Association québécoise du trouble de personnalité limite: Le Carrefour TPL