Visée par des allégations de financement illégal qu’elle réfute, la conseillère municipale de Sainte-Rose, Virginie Dufour, se retire volontairement du caucus du Mouvement lavallois – Équipe Marc Demers et du comité exécutif de la ville de Laval, avec solde, afin de concentrer tous ses efforts à rétablir sa réputation.
Voilà ce qu’on peut lire dans un communiqué émanant du cabinet du maire, ce lundi 30 novembre.
Dans un enregistrement obtenu par le Journal de Montréal, l’ex-organisateur politique de Mme Dufour en 2013 et 2017, Normand Cusson, explique à sa «blonde» que les contributions qu’il verse par chèque au parti lui sont remboursées en argent comptant par l’élue de Sainte-Rose.
«Les allégations formulées à l’endroit de Virginie Dufour sont sérieuses et, si elles s’avèrent fondées, inacceptables, y déclare le maire Marc Demers, qui dit l’avoir rapidement convoquée à l’hôtel de ville après avoir pris connaissance de l’enregistrement. Madame Dufour m’a réitéré son attachement aux valeurs d’intégrité et d’éthique, essentielles à notre administration.»
Rien à cacher
La conseillère municipale, qui a décliné notre demande d’entrevue, «nie formellement les faits qui [lui] sont reprochés».
«J’ai une éthique professionnelle sans faille et je n’ai absolument rien à cacher», poursuit-elle par voie de communiqué.
À cet égard, elle affirme avoir demandé au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) et au Bureau d’intégrité et d’éthique Laval-Terrebonne (BIELT) d’enquêter sur les allégations formulées à son endroit. «Il va de soi que je leur offre mon entière collaboration», termine-t-elle.
Mensonge ?
Joint par le Courrier Laval, l’organisateur Normand Cusson soutient avoir menti délibérément à sa «blonde» pour acheter la paix. Celle-ci lui reprochait de contribuer financièrement au parti, et ce, considérant tout le temps qu’il y consacrait bénévolement.
«Pour tout ce que tu fais pour elle, t’as pas d’affaires à payer 100 piasses au Mouvement lavallois», lui disait-elle.
Enregistré à son insu le 24 juillet dernier au marché de quartier du vieux Sainte-Rose, M. Cusson répond aux questions de celle qui partageait sa vie. Il affirme que, l’an dernier, Mme Dufour lui a remis 200 $ en argent comptant en retour d’un chèque du même montant libellé au nom du parti. Un manège par lequel il «recollecte environ 140 $ du gouvernement en impôts», peut-on lire dans le verbatim publié par le Journal.
Si la loi limite aujourd’hui à 100 $ les dons qu’un citoyen peut verser annuellement à un parti politique, la valeur de ces contributions autorisées double à 200 $ les années d’élections, ce qui s’appliquait en 2019 alors qu’une partielle avait lieu dans le district Marc-Aurèle-Fortin.
En entrevue, Normand Cusson défend l’intégrité de la conseillère de Sainte-Rose qu’il qualifie de grande amie: «Virginie Dufour n’aurait jamais fait un affaire de même; c’est une conseillère qui est très stricte et très straight».
A posteriori, il est convaincu avoir été piégé par son ex-blonde et n’écarte pas la possibilité qu’elle ait pu avoir été instrumentalisée à des fins partisanes.
Illégal
Pratique illégale, ce stratagème en vertu duquel un parti rembourse les dons à ses contributeurs avait été érigé en système par le défunt Parti du ralliement officiel (PRO) des Lavallois – Équipe Gilles Vaillancourt.
En 2013, devant la commission Charbonneau, l’ex-trésorier du PRO, Me Jean Bertrand, avait levé le voile sur un système de blanchiment d’argent qui avait permis au fil des ans de légitimer plus de 500 000 $, somme qui avait été ainsi transférée de la caisse occulte du parti vers le compte officiel du PRO des Lavallois.
Ce système de prête-nom servait exclusivement à rembourser les contributions versées par les élus du parti, leur conjoint(e) et leurs proches.
Témoins entendus à la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction (CEIC), les élus de l’époque Basile Angelopoulos, Benoit Fradet, Jocelyne Guertin, Richard Goyer et Ginette Legault-Bernier avaient alors tous admis avoir servi de prête-noms et profité de la déduction fiscale.