Ce père de trois enfants est passé, comme il le dit lui-même, de «victime à soigneur». En effet, il a vécu la guerre civile au Liban, son pays d’origine, qui l’a blessé gravement et lui a volé une partie de son enfance. De 11 à 15 ans, il a passé la majeure partie de son temps dans les hôpitaux.
Alors qu’il était inconscient peu de temps après son accident, plusieurs membres de sa famille ont dû prendre une décision qui a changé pour le mieux le cours de son existence.
«Ma cousine et ma sœur étaient trop jeunes, mais leur sang était compatible avec le mien, raconte Charbel. Légalement, elles ne pouvaient pas donner. Avec le besoin, elles n’avaient plus le choix. Ma sœur, qui avait seulement 13 ans, pleurait et disait « prenez mon sang! Prenez mon sang! »
C’est son expérience de vie qui l’a amené à devenir infirmier. Aujourd’hui, il enseigne pour une septième année les soins infirmiers au campus Laval du Collège CDI, afin de former la relève qui sauvera d’autres vies, comme ses homologues l’ont fait avec lui, au début des années 1990.
«Pour moi, ça compte beaucoup parce que j’ai déjà été à l’hôpital comme patient et comme infirmier, indique-t-il. Donc, maintenant, je peux comprendre les deux positions… L’infirmier satisfait parce que son patient a survécu et le patient satisfait parce que la vie lui a donné un coup de main.»
Donneurs multiculturels
Sa mission comme ambassadeur est d’enrichir la banque d’Héma-Québec de sang de donneurs de diverses origines.
«Les donneurs québécois sont déjà très généreux, reconnaît Charbel. Quand on a des Québécois malades, on peut trouver facilement des cellules compatibles. Mais, nous avons aussi beaucoup de patients de plusieurs origines ethniques et, malheureusement, on ne retrouve pas tout à fait tous les tissus et cellules compatibles. C’est plus difficile pour ces personnes. Plus on enrichit la banque de sang, plus il y a des matchs parfaits et plus les chances de survie augmentent.»
Pour lui, donner du sang dans le pays d’accueil contribue aussi à l’intégration à la société. «Si on veut recevoir, il faut commencer à donner», observe-t-il.
Dans sa campagne comme ambassadeur, il interpelle particulièrement les adolescents de multiples origines pour les sensibiliser à la cause. «Ils ne peuvent pas donner avant 18 ans, mais ils peuvent être bénévoles et participer. J’ai visité les scouts, toutes les églises et centres communautaires arabes, libanais. Les jeunes sont des donneurs potentiels.»
Une inspiration
La Collecte de sang des Lavallois tient particulièrement à coeur à Charbel El Melhem, qui est inspiré par tous ces gens se préoccupant du bien d’autrui. Il veut renseigner les gens et les sensibiliser, ce qu’il fait déjà depuis plusieurs années avec ses étudiants, à défaut lui-même de pouvoir donner du sang. «Je ne peux plus faire de dons, alors je transfère cette énergie», laisse-t-il savoir.
Par ailleurs, d’anciens élèves maintenant sur le marché du travail continuent d’aller donner du sang, à la suite de leur passage dans le cours de soins de Charbel au Collège CDI. «C’est toujours une journée de retrouvailles!» constate-t-il avec les années.
Malgré la dure épreuve pour lui et sa famille, l’homme de 35 ans a fait la paix avec son enfance et apprécie chaque instant que la vie lui offre. «Ce n’est pas la maladie qui me tue, c’est la perte d’espoir, exprime-t-il, empli de vitalité. Il faut toujours avoir l’espoir de survivre.»
La Collecte de sang des Lavallois aura lieu le 5 septembre au centre sportif Bois-de-Boulogne, 955, av. de Bois-de-Boulogne.
Information : www.laval.ca/Pages/Fr/Activites/collecte-de-sang-des-lavallois.aspx Pour en apprendre davantage sur Charbel El Melhem et sa mission: https://www.youtube.com/watch?v=FR9tmQaU5Fw&feature=youtu.be