La toute récente enquête sur les logements locatifs menée par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) révèle un important manque de logements à Laval.
Pour l’ensemble de l’île Jésus, le taux général d’inoccupation du parc locatif se chiffre à 1,9 %, soit sous la moyenne provinciale qui s’établit à 2,3 % et nettement en-deçà du seuil de 3 % d’un marché en équilibre.
La situation est encore plus critique en ce qui a trait aux logements de trois chambres à coucher et plus, lesquels sont occupés dans une proportion de 99,3 %, constate Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
Effet pervers
Une pareille rareté n’est pas sans exercer un effet à la hausse sur les loyers des logements disponibles, souligne le regroupement pour le droit au logement.
À preuve, le loyer moyen pour un 5 ½ à Laval a augmenté de 11,8 % entre 2017 et 2018 pour s’établir à 954 $.
Encore-là, les loyers moyens compilés par la SCHL sont souvent un leurre pour ceux à la recherche d’un logement. C’est du moins ce que tend à démontrer une donnée publiée pour la première fois par l’agence fédérale à l’effet qu’à Montréal, le loyer moyen des appartements vacants de deux chambres à coucher est 15 % plus cher que celui des appartements de même grandeur déjà occupés.
«Ça vient confirmer ce qu’on affirme depuis des années dans le cas de Montréal et on peut penser que c’est semblable à Laval compte tenu de la pénurie», soutient Mme Laflamme, qui précise que les familles en quête d’un loyer devraient plutôt s’attendre à payer 1100 $ par mois en sol lavallois.
Hausse moyenne de 5,1 %
Selon le coup de sonde effectué au cours des deux premières semaines du mois d’octobre, le coût moyen des loyers, toutes catégories confondues, a bondi de 5,1 % à Laval comparativement à 3,9 % sur l’île de Montréal et 4 % dans la Haute-ville de Québec.
Il s’agit d’une hausse trois fois supérieure au taux d’inflation estimé à 1,7 % au Québec pour l’année en cours.
Du côté de la Régie du logement, les estimations moyennes d’augmentation de base étaient 10 fois moindre, soit 0.5 %. Cet indice moyen ne tient toutefois pas compte du pourcentage d’augmentation après le calcul de la hausse des taxes municipales et des travaux majeurs nouvellement apportés à un logement.
Condos locatifs
Autre facteur contribuant à gonfler le prix des loyers est la proportion en constante progression des condos mis en location à Laval comme ailleurs dans la région métropolitaine.
Sur le territoire, un condo sur cinq (20,9 %) est offert en location, observe Véronique Laflamme.
Avec ces projets immobiliers et tours d’habitation de condos locatifs annoncés et/ou mis en chantier ces derniers temps, ce pourcentage ne fera que s’accroître, se désole la porte-parole du FRAPRU.
«Plusieurs ménages locataires lavallois peuvent difficilement absorber des loyers plus chers», explique-t-elle, tout en illustrant les disparités entre les deux types d’habitation.
Ainsi, le locataire d’une copropriété doit débourser en moyenne 32 % de plus pour se loger, le condominium moyen se louant à 1157 $ comparativement à 789 $ pour un logement.
Dans le cas d’un 4 ½, le condo coûte en moyenne 1115 $ contre 788 $ pour un logement locatif de même grandeur, ce qui est d’autant considérable qu’un ménage locataire sur trois (35 %) consacre plus de 30 % de ses revenus à payer le loyer. Ils sont 17 465 ménages lavallois dans cette situation.
Pis encore, 42 % d’entre eux, soit 7335 ménages, paient plus de 50 % de leur salaire à se loger.
Logements sociaux
Dans un tel contexte, le FRAPRU craint «une détérioration accélérée des conditions de logements des ménages les plus vulnérables» et s’inquiète «des conséquences d’un retour à une pénurie sévère qui pourrait entraîner une nouvelle flambée du coût des loyers et la hausse des cas de discrimination».
À cet égard, l’organisme de défense des locataires demande à Québec d’instaurer un réel contrôle des loyers et exhorte les Villes à joindre leur voix à la sienne en réclamant auprès des gouvernements supérieurs des investissements accrus en logement social.
Selon le FRAPRU, en réalisant 50 000 logements sociaux en 5 ans, le Québec s’éviterait une deuxième grave pénurie de logements en moins de 20 ans.