En ce mois de la Francophonie, la Société nationale du Québec à Laval (SNQL) «attend avec impatience» le rapport du Comité consultatif ad hoc sur la langue française.
Ce comité, chargé de dresser l’état des lieux, doit déposer au début de l’été un plan d’action pour soutenir et valoriser l’usage de la langue de Molière sur l’ensemble du territoire de l’Île Jésus.
«La menace est constante», affirme le président de la SNQL, Michel Leduc, lorsqu’on lui demande s’il juge le français en danger à Laval.
Il en veut pour preuve «la propension naturelle d’apprendre l’anglais» chez les nouveaux arrivants qui ne parlent aucune des deux langues officielles au pays, ce qui est le cas de «30 % des immigrants qui viennent au Québec».
Le français en déclin
Selon le dernier recensement, le poids démographique des Lavallois dont le français est la première langue officielle parlée à la maison a diminué de 3 points, passant de 71,9 à 68,9 %.
Même que ce recul est plus prononcé que celui observé sur l’île de Montréal et dans la région de l’Outaouais, où le français accuse un repli de 2,4 %.
L’anglicisation de Laval s’observe dans «beaucoup de commerces [qui] accueillent la clientèle en anglais», fait remarquer M. Leduc, dont la société à laquelle il préside s’emploie à la promotion et la défense de la langue française.
Cela n’est pas sans rappeler le commentaire du maire Stéphane Boyer lors de l’assemblée municipale de janvier à l’effet qu’il était «de plus en plus» abordé en anglais dans les établissements commerciaux lavallois.
«J’me dis: “ils sont où les inspecteurs de l’Office [québécois] de la langue française ? Y a des mécanismes qui existent, mais est-ce qu’ils sont mis en œuvre?” poursuivait-il en réponse à un citoyen venu s’enquérir de l’avancement des travaux du comité.
Trois ans d’attente
Il se sera écoulé plus de trois ans entre le vote unanime des élus, le 7 juin 2022, pour mettre sur pied un comité ad hoc et le dépôt de son rapport prévu le 30 juin prochain.
«Ç’a traîné en longueur», déplore le conseiller municipal de Fabreville et chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, l’élu à l’origine de cette initiative. Ce dernier explique ce long délai par un manque de volonté politique du parti au pouvoir à l’égard d’une résolution initiée par l’opposition. «C’est suite à la pression citoyenne aux assemblées municipales qu’ils sont passés à l’action», soutient celui qui ne cache pas son inquiétude quant à l’avenir du français dans l’espace public.
Ce que dément le maire Boyer, en évoquant les défis que posent le recrutement de membres indépendants et la coordination des agendas «chaque fois» que la Ville «crée des instances auxquelles participent des citoyens». Il ajoute du même souffle que ces délais n’ont pas empêché Laval d’obtenir les Jeux de la francophonie canadienne en 2025 et de prioriser l’embauche d’artistes francophones dans les zones estivales musicales à travers la ville. «Le français, on l’incarne et on veut le faire vivre de plein de manières».
Reste qu’il aura fallu attendre 8 mois avant que le comité exécutif ne donne le feu vert au Secrétariat de la gouvernance et 15 mois avant que celui-ci ne recrute les premiers membres du comité sur la langue française, dénonce Claude Larochelle.
Espace public
MM. Boyer et Larochelle s’entendent toutefois sur une chose: l’usage du français doit demeurer la langue d’usage dans l’espace public lavallois.
«Au travail, à l’école et dans les commerces, il faut s’assurer que ça se passe en français», affirme Claude Larochelle pour qui «notre langue aura toujours besoin d’un maximum d’attention».
Bien qu’il reconnaisse «un recul important dans les 10, 20 dernières années» du français parlé dans les chaumières lavalloises en raison d’une forte immigration, le maire Boyer juge «intéressant de noter qu’à Laval, 92 % des gens disent parler français».
Statistique corroborée par Michel Leduc. «C’est un chiffre qui m’a étonné», concède toutefois le président de la SNQL, qui s’interroge jusqu’à quel point ces gens qui se disent à l’aise en français peuvent soutenir une conversation de deux à trois minutes.
Selon la dernière étude publiée en 2022 par l’Office québécois de la langue français (OQLF), 79 % des Québécois utilisaient le plus souvent le français dans l’espace public alors que cette proportion chutait à 68 % dans la région métropolitaine de Montréal.
Comme elle l’avait fait à l’automne 2021, la Société nationale du Québec à Laval a bien l’intention de s’inviter à nouveau dans la prochaine campagne électorale municipale afin d’aborder la question de la langue avec les candidats des partis qui brigueront la mairie.
Le pouvoir à Québec
Considérant que le comité sur la langue française sera dissout une fois son rapport déposé, le maire envisage-t-il emboîter le pas à Montréal qui s’est dotée d’un poste de commissaire à la langue française en 2023, tel que le suggérait le premier Plan d’action en matière de valorisation de la langue adopté deux ans plus tôt ?
«L’important, c’est qu’on aboutisse sur des actions qui vont avoir un impact», répond le principal intéressé qui cherche «à éviter de créer des structures». M. Boyer rappelle que les finances publiques sont sous pression et qu’il est nécessaire de «contrôler la masse salariale», soulignant au passage le gel des embauches au dernier budget.
Au sujet de la protection et de la valorisation du français, le maire persiste et signe: «Le chemin qu’on peut faire, on va le faire, mais c’est le gouvernement du Québec qui est le mieux outillé pour ça.»
Il réitère que le gouvernement gère l’immigration, l’éducation et la francisation en plus d’être responsable de l’OQLF notamment chargé de faire respecter le Règlement sur la langue du commerce et des affaires.
Quant au rapport du comité, «s’il y a des bonnes idées, on va les mettre en œuvre», termine M. Boyer, qui entend «demander à Québec de faire sa part».
Enfin, précisons que le Courrier Laval a sollicité le 11 mars une entrevue avec le candidat à la mairie d’Action Laval, Frédéric Mayer, dont l’équipe nous a transmis par courriel une déclaration officielle de quelque 400 mots sur le fait français à Laval. Malgré notre relance, il n’a pas été possible de s’entretenir avec M. Mayer.
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