La biotech lavalloise Glycovax Pharma, qui planche sur un vaccin anti-COVID-19, fait équipe depuis peu avec deux professeurs chercheurs du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
«Ce partenariat avec les experts de l’INRS en biologie structurale et cellulaire représente une contribution importante dans la poursuite de nos travaux», a déclaré le président de la biopharma Dany Valiquette dans un communiqué publié le 17 juin.
Au cours des prochains mois, Nicolas Doucet et Yves St-Pierre s’emploieront à évaluer la faisabilité d’un vaccin ciblant des glucides situés en surface de la protéine S (pour spicule ou spike en anglais).
Cette protéine formant les pointes de la couronne du coronavirus est responsable de la maladie COVID-19, le point d’entrée du virus dans les cellules humaines, explique Nicolas Doucet, spécialiste en biologie structurale.
Travaux
Durant les 12 prochains mois, les deux professeurs assistés du postdoctorant Yossef López de los Santos, spécialisé en modélisation moléculaire, verront à s’assurer non seulement que les anticorps développés par Glycovax puissent atteindre les glucides sur la protéine S, mais également les reconnaître et s’y attacher de manière constante une fois le coronavirus synthétisé dans les poumons, l’intestin et autres tissus qu’il pourrait infecter.
«On est capables de synthétiser en laboratoire la fameuse protéine S, indique Nicolas Doucet en évoquant les tests en culture cellulaire. Cela nous permettra de voir si le fameux sucre est toujours présent au bon endroit, à savoir en surface, peu importe le type de cellules infectées.»
Financé au coût de 60 000 $ par l’organisme national sans but lucratif Mitacs, ce projet de recherche s’effectue pour l’instant dans les laboratoires de l’INRS aux 3e et 4e étages du
Centre de développement des biotechnologies de Laval (CDBL) situé au 500, boulevard Cartier dans la Cité de la biotech.
«Quand viendra le temps d’identifier notamment certains sucres de la protéine, la recherche se déplacera dans les locaux de Glycovax Pharma, situés au 1er et 2e étage du même édifice», poursuit le professeur-chercheur.
Échéanciers
«Essentielles à la validation d’une méthode de développement de vaccin», selon les dires de Nicolas Doucet, ces étapes se déroulent parallèlement aux travaux qui se poursuivent dans les laboratoires de Glycovax Pharma, tient à préciser le directeur scientifique, Serge Mofett.
«On n’attend pas; on travaille pour avancer les choses le plus vite possible», dit-il, ajoutant que «la voie est tracée».
Reste que la course au vaccin pour contrer la COVID-19 sera plus longue que ce dont la société biopharmaceutique espérait en avril dernier.
«Dans le meilleur des mondes, les premiers essais cliniques sur les humains pourraient s’effectuer d’ici l’été 2021», concède M. Mofett. Il y a à peine deux mois, cet échéancier ciblait plutôt l’accès à un premier vaccin.
D’ici-là, on devra, entre autres, procéder à des études précliniques sur des modèles animaux plus près de l’Homme. Rappelons que les candidats vaccins anti-COVID-19 ont déjà été testés avec succès sur des souris au Centre national de biologie expérimentale de l’INRS.
Il faut savoir que par un heureux hasard, certains glucides sur lesquels Glycovax concentre ses recherches depuis 2017 dans le cadre de travaux liés au cancer du sein sont présents sur la protéine S.
Ainsi, en avril dernier, quatre mois après l’injection d’un vaccin semi-synthétique développé par l’entreprise, les souris produisaient encore des anticorps, affirmait en entrevue au Courrier Laval le vice-président recherche et cofondateur de la société, Dr René Roy.