«Quand je me suis réveillé, j’ai vu les lumières au plafond, et je ne savais pas si j’étais vivant… Ma première réaction a été de remercier le donneur, et puis je me suis endormi.»
Denis Chicoine a vécu une transplantation cardiaque en 2003, après cinq mois d’attente à son domicile de Fabreville, et trois autres à l’hôpital. Toutes les étapes qui l’ont mené à la greffe ont été acceptées de manière positive. «Je suis un gars qui aime la vie. Aujourd’hui j’en parle et je ressens encore les émotions. C’est toujours spécial d’en parler parce que c’est un moment important dans ma vie.»
Hérédité
L’homme de 57 ans a dû recourir à la chirurgie cardiaque, étant atteint d’une cardiomyopathie familiale dilatée, une maladie qui réduit de façon significative la capacité du cœur à assurer ses battements normaux. Cette maladie génétique a touché plusieurs personnes de son entourage, dont son père décédé à l’âge de 48 ans. «Les gens mourraient jeunes dans la famille. À 28 ans, un de mes frères est décédé de cette maladie, mais on ne le savait pas. Par la suite, mon autre frère est mort de la même maladie.»
Les deux filles de M. Chicoine ont d’ailleurs hérité des antécédents familiaux et elles sont suivies à l’Institut de cardiologie de Montréal. Elles savent qu’elles devront entreprendre éventuellement le même cheminement que leur père, mais elles sont optimistes quant à leur état.
De l’entraînement à l’essoufflement continuel
Au moment où sa santé se dégradait le plus, l’homme, qui a toujours été un grand sportif, avait le souffle coupé en montant une marche. «J’étais toujours essoufflé. Je prenais ma douche et j’avais besoin d’une heure et demie d’oxygène. Mon cœur marchait à peine à 14 % de sa pleine capacité.»
À l’époque, M. Chicoine portait sur lui un défibrillateur lui donnant des chocs particulièrement puissants pour régulariser ses battements de cœur au moindre signe de faiblesse. «Une nuit, j’ai eu sept chocs un à la suite de l’autre. Mon cœur était en arythmie. J’avais l’impression que ma tête se séparait en deux à chaque décharge, comme du feu dans mes yeux.»
Lorsque les médecins lui ont annoncé qu’il devait avoir recours à une greffe de cœur, leur ton était dramatique. «Au contraire d’eux, je n’avais aucun problème avec ça!» confie celui qui en avait déjà discuté avec ses proches.
L’homme a été suivi par une série de spécialistes, dont un psychologue, pour prévenir les risques de dépression après la greffe.
Une deuxième vie
Il ressent un lien particulièrement fort avec le donneur pour qui l’identité lui reste à ce jour inconnue. La première année suivant sa greffe, la plupart de ses pensées étaient dirigée vers cette personne. Il a d’ailleurs écrit une lettre de remerciements à la famille de celle-ci, que Transplant Québec s’est chargé d’envoyer à destination.
Aujourd’hui, 10 ans plus tard, Denis Chicoine est plus en forme que jamais. Depuis 9 ans, il s’entraîne plus de 10 heures par semaine au centre Épic de l’Institut de cardiologie de Montréal, avec d’autres greffés du cœur.
Il compte s’impliquer de plus en plus avec Transplant Québec. Il désire aussi travailler activement avec Gaston Martin, un autre greffé du cœur, qui a développé le projet de la caravane du don d’organes, visant à sensibiliser les gens à travers des tournées partout au Québec.
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