Le géant américain, qui produit notamment les bouteilles d’eau Smartwater, estime que la nouvelle marque lavalloise porte atteinte à ses droits.
«Nous étions pourtant en règle avec l’Office de la protection intellectuelle du Canada (OPIC), où la marque de commerce avait été enregistrée en 2014», mentionne Mario Boisvert, président de l’entreprise oeuvrant dans le secteur de la transformation et de la commercialisation d’aliments fonctionnels.
«L’OPIC nous a donné finalement raison», poursuit-il, ajoutant que leur marque avait été republiée dans le registre canadien vers la fin 2014.
Une décision qui n’allait toutefois pas refroidir les ardeurs du demandeur, qui est aussitôt revenu à la charge.
Lettre au président
Devant l’entêtement des procureurs de Coca-Cola Company, Mario Boisvert a écrit au PDG Muhtar Kent en début d’année.
«Étonnés et perplexes, nous n’avions aucune idée que le mot smart appartenait à la compagnie Coca-Cola», fait-il, entre autres, valoir sur un ton sarcastique.
Une lettre fortement inspirée de celle publiée, dans les années 1940, par Groucho Marx, qui se moquait de la maison de production Warner Bros (WB).
«Dès que j’ai reçu la mise en demeure [en 2014], j’ai tout de suite pensé à cette lettre. C’était la risée d’Hollywood», dit-il en parlant de WB, laquelle contestait le titre de la comédie A Night in Casablanca qui mettait en vedette les Marx Brothers, trois ans après la sortie film culte américain Casablanca.
De toute évidence, le grand patron de Coca-Cola n’a pas du tout apprécié l’humour de M. Boisvert, qui a reçu en retour «une brique de documents légaux».
Ridicule
«C’est complètement ridicule. Tu ne peux pas avoir les droits sur un mot», martèle l’homme d’affaires lavallois. À plus forte raison quand le mot est aussi trendy, ajoute-t-il.
«Il y a des voitures smart, des téléphones smart, des pâtes smart. En une demi-journée, on a trouvé une centaine de produits, dont huit breuvages sur le marché. De ce nombre, la boisson Smartwater lime de Schweppes.»
Si son associé et lui ont longuement songé à rebaptiser la boisson Smart Lime, ils ont finalement décidé de ne pas s’écraser devant le géant américain, de tenir leur bout. «Ça fait 12 ans qu’on y travaille. On a mis tout ce qu’on avait là-dedans», mentionne M. Boisvert.
Il dit être en recherche de financement pour relancer la production de leur boisson, suspendue depuis deux ans.
«La demande est là. De nombreux distributeurs sont intéressés», termine-t-il.