Depuis le printemps, Éco-Nature prépare un nid douillet pour une espèce d’oiseau en péril, dans la cheminée désaffectée d’une ancienne habitation sur l’île aux Fraises, dans l’archipel de la rivière des Mille Îles.
Le martinet ramoneur est un petit oiseau similaire à l’hirondelle, qui niche aux États-Unis et dans le sud-est du Canada. L’espèce est désignée «menacée» depuis 2007, par le Comité sur la situation des espèces en péril du Canada.
La population québécoise du martinet a chuté de plus de 50 % en 2005, lors du passage de l’ouragan Wilma, au moment de sa migration vers le sud. Aujourd’hui, il reste quelque 400 couples nicheurs au Québec.
Perte d’habitat
L’oiseau nidifiait autrefois dans les cavernes, les arbres creux ou, après la colonisation, dans les cheminées, ce qui lui a valu d’être baptisé «ramoneur».
La démolition de vieux bâtiments, la conversion des cheminées classiques et leur ramonage, la déforestation et la coupe des chicots ont grandement réduit le nombre de sites de nidification et de repos de l’espèce.
La restauration de la cheminée de l’île aux Fraises vise le rétablissement du martinet ramoneur dans la région.
Nid parfait
L’endroit est idéal. La cheminée est située près de l’eau, où abondent les insectes dont s’alimente le martinet ramoneur. Elle est de surcroît dans une zone dégagée d’arbres, ce qui assure une visibilité de la cheminée du haut des airs: un critère essentiel pour son utilisation par le martinet.
Volet scientifique
Ce projet de restauration d’habitat, mené par Éco-Nature avec l’aide du Regroupement QuébecOiseaux, comportera un volet scientifique. À l’aide d’une caméra installée dans la cheminée, on effectuera le monitoring du couple de martinet qui y élira domicile. Une sonde «permettra de déterminer les préférences de températures de l’espèce pour la nidification», explique Anaïs Boutin, biologiste à Éco-Nature.
L’initiative aura également des retombées éducatives. Éco-Nature compte rediffuser les images captées par la caméra dans son centre d’interprétation du boulevard des Mille-Îles, indique Mme Boutin.
Détenus à l’oeuvre
Ce sont des détenus du Centre fédéral de formation, un établissement correctionnel à sécurité minimale, situé à Saint-Vincent-de-Paul, qui ont restauré la brique de la cheminée. Éco-Nature a pu ainsi bénéficier d’une main-d’œuvre bénévole et compétente pour une besogne estimée à quelque 80000 $.
En retour, les détenus ont appris le métier de briqueteur. Ce partenariat s’inscrit dans la vocation d’entreprise d’économie sociale d’Éco-Nature, qui favorise la réinsertion sociale par l’embauche de main-d’œuvre ciblée.
TD donne 5000 $
Le projet a suscité l’intérêt de nombreux autres partenaires, dont le Biodôme de Montréal. Le 28 août, la Fondation TD des amis de l’environnement versait 5000 $ à Éco-Nature. Le don permettra la finition de la cheminée, la confection d’un chapeau anti-prédateur et l’achat d’équipements.
De septembre à octobre, on procédera en outre à la restauration de la base en béton, à l’installation de l’équipement électronique et des portes antivol.
Le nouvel habitat sera en mesure d’accueillir les martinets ramoneurs au moment de la prochaine période de nidification, à la fin mai 2011.