Ce voyage de recrutement vise à développer la formation professionnelle d’élèves dans les programmes de santé du Centre de développement des compétences (CDC) Pont-Viau.
«C’est une question de transparence de nous mettre au courant des dépenses que ça va engendrer d’aller chercher ces étudiants internationaux, dénonce le commissaire Mike Pizzola. Nous n’avons jamais eu cette information. Nous sommes une entité publique et faire les choses en cachette et en secret, je trouve cela vraiment déplorable.»
Il affirme que 4 à 6 commissaires sur 19 ont été surpris d’apprendre ce voyage. Ils demandent que l’administration rende des comptes lors du prochain conseil.
«C’est sûr que le voyage était un peu dernière minute, mais la commission scolaire Lester-B.-Pearson [un partenaire] avait déjà des rencontres prévues en Inde et en Chine, justifie Maxeen Jolin, coordonnatrice du Service des communications à la CSSWL. Pour nous, c’était beaucoup plus facile de se joindre à elle et de bénéficier de ces contacts-là.»
Payés par le public et le privé
Le 7 août, tous les commissaires ont reçu un courriel les avisant que trois jours plus tard, la directrice générale, Stephanie Vucko, et le président, Nick Milas, s’envolaient pour l’Inde. Le séjour en terre indienne était entièrement payé pour le président par une firme privée partenaire de la CSSWL, EduEdge Inc, spécialisée dans le recrutement d’élèves internationaux. Celui-ci ne s’est pas rendu en Chine, contrairement à Mme Vucko, qui a entièrement financé son voyage à même les fonds de la CSSWL, dont les coûts s’élèvent à 10 000 $.
«EduEdge qui paye un voyage au président du conseil, c’est comme lui donner une enveloppe brune», s’indigne Mike Pizzola.
14 000 $ par élève
Pour la CSSWL, qui veut augmenter ses revenus pour pallier les coupes du gouvernement depuis plusieurs années, cette mission lui rapporte 14 000 $ par personne recrutée, en comparaison à la moyenne de 5000 $ reçus par élève au Québec. Pour l’instant, la DG a mobilisé 20 Indiens et est actuellement en Chine pour continuer ses recherches.
«Pour faire du développement d’affaires, ça doit vraiment se faire en personne, laisse savoir Maxeen Jolin. On ne peut pas faire cela par téléphone et Internet.»
Huis-clos
Lors de la dernière séance ordinaire du conseil des commissaires, le 25 juin, une résolution avait été adoptée pour développer un partenariat avec la commission scolaire Lester-B.-Pearson et EduEdge Inc.
Le commissaire Steve Bletas, ancien président de l’établissement de 1998 à 2012, et Mike Pizzola estiment que le huis-clos ayant eu lieu une heure avant la séance pour parler du recrutement international n’a rien de légal et de public. D’ailleurs M. Bletas, qui fait aussi partie du comité exécutif, n’a jamais été mis au courant de ce voyage.
Dans le document sur les faits saillants de la séance du conseil, on fait état des objectifs visés par le recrutement d’élèves à l’international sans jamais mentionner qu’un voyage allait être effectué par des membres de la commission scolaire directement sur le terrain.
Une présentation détaillée du séjour du directeur et de la DG devrait se faire au retour de Mme Vucko, au début du mois de septembre, devant le conseil des commissaires.