«Des filles pleuraient, des gars en colère fessaient sur les casiers», décrit Charles-Antoine Alarie, un étudiant de secondaire 1. Les jeunes ont encaissé le coup le 25, après le long week-end de la fête des Patriotes. «C’était un tsunami d’émotions», résume Charles-Antoine.
Gros vide
Alexandre Fleury et son frère, Sébastien, 25 ans, sont les deux victimes de la première collision du 24 mai, qui a eu lieu à la hauteur de Plessisville, sur la route 165.
«La première journée a fait un gros vide. J’ai toujours l’impression qu’il va revenir bientôt», confie Charles-Antoine, qui s’était lié d’amitié depuis quelques semaines avec le jeune disparu.
Il n’est pas le seul à sentir ce vide. Alexandre avait beaucoup d’amis et était apprécié des enseignants, dit-il. «Ma prof de maths, je ne la reconnaissais plus [mardi]. Elle n’avait pas le même comportement. C’était un très bon étudiant, très énergique.»
Feuille blanche
Afin de canaliser le trop-plein d’émotions, les jeunes ont pu laisser libre cours à leur inspiration, sur la porte du casier d’Alexandre. «On a mis une grosse feuille blanche; tout le monde écrivait un mot, d’autres ont déposé des fleurs. Ils ont aussi fait un local, pour qu’on puisse en parler.»
Jean-Pierre Archambault, directeur du Service des communications de la Commission scolaire de Laval (CSDL), explique qu’un filet de sécurité est mis en place lorsqu’une école est informée d’un décès ou d’une situation tragique qui pourrait affecter les élèves et le personnel.
Des psychologues, des travailleurs sociaux, des éducateurs spécialisés sont dépêchés sur place. Les élèves ont alors la possibilité de ventiler. «Une école, surtout une école secondaire, c’est une minisociété, il s’agit de s’assurer que les différents joueurs ont le support dont ils ont besoin», note M. Archambault.
Indignation
Dans le local mis à la disposition des jeunes, les langues se sont déliées, les larmes ont coulé, raconte Charles-Antoine Alarie. «Moi, j’ai écrit une chanson», dit-il.
L’indignation était encore présente dans sa voix, au moment de l’entrevue, le 26 mai. «Lundi [le 24], c’était congé, c’était une journée magnifique. Sur tous les chars qu’il aurait pu frapper, il fallait qu’il frappe lui… Je trouve ça un peu débile», dit-il, en parlant du geste posé par le chauffard désespéré, Denis Philippon. (Photo:Martin Alarie)