Dans son nouveau livre, Souvenirs de mes années en prison, Gilles David retrace les témoignages de prisonniers et prisonnières qu’il a côtoyé.
Pendant la rédaction de son ouvrage, entre 2017 et 2021, en racontant l’histoire de personnes qui ont vécu entre les quatre murs d’une prison, la plus grande difficulté de l’ancien psychothérapeute a été de ne pas formuler ces histoires à la manière d’un compte rendu, pour éviter d’enfreindre la confidentialité des prisonniers.
«Lorsqu’ils sont sous la gouverne de la justice, les prisonniers ne peuvent pas témoigner de leur parcours à l’intérieur de la prison, à moins qu’ils aient reçu une autorisation de la justice pour parler, explique-t-il. Toutefois, en changeant quelques détails comme les noms ou des informations confidentielles, je n’ai pas eu besoin de demander une autorisation puisque les témoins n’étaient pas identifiés».
Vivant désormais sa retraite en sol lavallois, Gilles David se disait fier de son travail et croit que les témoignages ont touchés plusieurs personnes détenues demeurées anonymes.
«Sans que l’on puisse identifier les témoins, certains m’ont confié qu’ils avaient été touchés tout au long de la lecture de mon livre, parce qu’ils se voyaient à travers [ces récits]», précise-t-il.
Bonne cause
Ce sont plus de 400 copies du livre de M. David a fait imprimer pour le premier tirage. Toutefois, aucun bénéfice ne sera lui sera versé.
«Tout l’argent provenant de la vente du livre sera donné à l’Aumônerie communautaire de Montréal en soutien à la réhabilitation des prisonniers au sein de la société», ajoutait-il.
Depuis 25 ans, l’organisme basé dans Hochelaga-Maisonneuve accompagne les personnes en processus de guérison à la suite de violences commises ou subies.
Ancienne profession
Spécialisé dans le travail auprès des personnes délinquantes sexuellement, Gilles David affirme qu’il a su rester professionnel durant sa carrière, et ce, sans tomber dans la sympathie envers ces gens condamnés pour leurs gestes.
«Même si cela me touche, je ne me suis pas senti bouleversé par ces témoignages, convient-il. Bien sûr, je ne peux pas être insensible à cela, mais ça reste mon métier. Le pire, c’est le tabou dans le sujet des agressions sexuelle : on ne veut pas en parler. Que ce soit au niveau de la personne agressée, la famille ou l’agresseur.se. C’est difficile d’aborder le sujet.»