Le document Le privilège de redonner du pouvoir – portrait d’un réseau public spécialisé, aux pratiques éprouvées a été préparé dans le but de faire connaître à la population les ressources spécialisées en matière de traitement de la dépendance. Il s’adresse plus particulièrement aux proches des personnes dépendantes.
«C’est un portrait pour dire à la population que nous avons des services publics, gratuits et de très haute qualité, exprime Danièle Dulude, directrice générale du Centre de réadaptation en dépendance (CRD) Laval. C’est un petit réseau qui fait de grandes choses. C’est souvent du travail dans l’ombre et ce n’est pas spectaculaire.»
Tendre la main
À l’occasion de ce lancement, le CRD Laval a dressé un portrait de ses services. En 2013-2014, quelque 1700 personnes ont eu recours aux services spécialisés en dépendance et 132 pour ceux s’adressant aux joueurs pathologiques.
Le CRD Laval a un programme de liaison à l’urgence de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé et au pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.
«On fait du reaching out en allant chercher la clientèle qui ne s’adresse pas directement à nous, explique Natalie Bremshey, chef de service en réadaptation au CRD Laval. Les urgences se sont rendu compte que beaucoup de personnes se présentent en crise suicidaire associée à une surconsommation. Le problème est parfois beaucoup plus au niveau de la consommation que de la psychiatrie.»
Médicament pour le vide intérieur
En se retrouvant aux urgences de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé, à la suite d’épisodes de toxicomanie, Simon, jeune homme dans la vingtaine, a été approché par le CRD Laval, en septembre.
Du plus loin qu’il se rappelle, il a toujours eu un vide intérieur, même enfant. «Je n’étais jamais satisfait de rien, je ne savais pas ce que je faisais là, confie-t-il. J’étais trop cérébral et je me disais que je n’avais pas vraiment de raison d’être heureux. J’ai toujours eu une vision excessivement négative de la vie et des relations humaines.»
Le vide s’est intensifié en grandissant. Il a commencé à consommer de l’alcool et de la marijuana socialement à l’adolescence, et ce, pendant bien des années, sans nécessairement sentir qu’il avait une dépendance importante. Jusqu’à ce qu’il essaye la cocaïne.
«Ça a fait une étincelle, ajoute-t-il. Je touchais à une substance qui gelait le mal-être avec lequel j’avais quand même appris à composer. Soudainement, je ne le sentais plus, c’était beaucoup moins lourd. Ça a commencé à être régulier et j’ai compris que c’était de l’automédication.»
Dépression, idées suicidaires obsessives et quelques séjours en psychiatrie forment son parcours de vie. Il a toujours entrepris par lui-même les démarches pour se sortir du gouffre, même s’il a perdu foi envers le réseau de la santé à plusieurs reprises étant donné un manque de cohésion et de communication entre les ressources.
Simon est actuellement en centre d’hébergement en désintoxication et réinsertion sociale. Il est dans un processus de guérison, mais témoigne avoir fait beaucoup de chemin depuis les dernières années. Les rencontres qu’il a faites avec les intervenants l’ont fait progresser, de même que le suivi adapté à ses besoins individuels. Ce jeune artiste visuel, intelligent et articulé, n’a pas mis de côté ses projets personnels qu’il continue à développer.
Pour consulter le document: www.acrdq.qc.ca/privilege-redonner-du-pouvoir
Dépenses de la dépendance
Le gouvernement du Québec a consacré en 2013-2014 un montant de 110 M$ aux services en dépendance, soit 0,32 % du budget total de la santé au Québec. En tout, 80 % de cette somme est allouée aux centres publics de réadaptation en dépendance. (Source: ACRDQ)