Par : Coopérative Funéraire du Grand Montréal
Récemment, un ami m’a raconté avoir perdu un ancien confrère de classe décédé trop jeune d’un ACV pendant le temps des fêtes. Il se questionne beaucoup sur le besoin des gens d’échanger sur une base régulière avec une personne décédée, comme en témoigne ce message laissé par une personne informée du décès : « Je pense à toi. On serait dû pour un FaceTime, ça fait longtemps que je n’ai pas entendu ton rire. À Go, on se fait ça! ».
Selon les auteurs d’un article paru dans la revue Frontières en octobre 2021, les technologies numériques d’aujourd’hui et leurs usages contribuent à renouveler les pratiques dans la façon d’annoncer la mort, de la souligner, d’effectuer le travail de deuil, d’exprimer des émotions, d’échanger avec des défunts et des défuntes, de les célébrer et de continuer à les faire vivre en leur assignant une existence socionumérique transcendant la mort biologique.
Le numérique contribue à maintenir les défunts au sein de la quotidienneté sociale, à mettre en activité les vivants en donnant la parole aux morts et à créer de nouvelles liaisons avec les endeuillés. Une simple notification comme un rappel d’anniversaire ou un souvenir photo proposé par les algorithmes de Facebook d’un compte toujours actif lorsque le décès n’a pas été signalé à la plateforme peut faire parler nos proches disparus, plonger les survivants dans des souvenirs et faire ressurgir le processus de deuil.
Nous assistons actuellement à une transformation des rituels funéraires. À l’image des veuves de jadis, qui portaient symboliquement le défunt sur elles par des bijoux et des habits et soulignaient les fêtes par des visites au cimetière à l’occasion d’un anniversaire, à Noël, à la Toussaint ou lors de la journée de la commémoration de nos fidèles défunts, les endeuillés d’aujourd’hui se baladent davantage avec des traces de leur proche décédé dans leur téléphone cellulaire et vivent leur deuil en laissant un message ou une trace numérique sur les pages demeurées actives. Une enquête de Bourdeloie et Brun parue en 2018 démontre que les comptes sociaux des personnes disparues sont particulièrement actifs à l’occasion d’événements. Ainsi, 46,3 % des répondants déclaraient se brancher sur les réseaux sociaux des défunts, des pages d’hommages ou sites Web commémoratifs sans qu’il y ait de moment particulier et 21,4 % lors de l’anniversaire du décès d’un défunt ou d’une défunte. Il n’y a pas que du mauvais : se connecter ainsi peut permettre au processus de ritualisation de persister, car ces actes donnent du sens à la disparition de l’être cher, en codifiant le temps et en ouvrant sur l’au-delà.
L’entreprise Eternime a même tenté de pousser la conversation avec des personnes décédées en simulant des conversations avec un défunt par le biais d’agents robots conversationnels « intelligents ». Le site est toujours en ligne, mais peu actif. Ce service d’intelligence artificielle et cette technique de médiation de la mémoire permettant d’externaliser ou de prolonger la mémoire humaine avec des proches défunts ont peut-être refroidi certains endeuillés.
Si vous souhaitez une forme complémentaire de support dans votre deuil que vos interactions avec les amis du défunt sur les réseaux sociaux, la Coopérative funéraire du Grand Montréal met à votre disposition une communauté d’entraide sur le deuil. Tout le contenu de ce site est là pour vous permettre de vous exprimer, vous ressourcer, ou simplement vous informer. https://www.cfgrandmontreal.com/services/la-gentiane/