Créé, l’an dernier, sous l’impulsion de Daniel Desroches et Denise Leahy, un couple résidant sur l’avenue Ampère, le mouvement citoyen a repris du service à la fin juin, à la suite d’une rencontre avec Sandra Desmeules, membre du comité exécutif de Ville de Laval, qui confirmait l’intérêt de l’administration Demers envers ce projet.
Pétition
Circulant dans le quartier et sur la Toile, une nouvelle pétition demande cette fois à la Ville d’envisager un statut d’aire protégée pour le boisé du Souvenir, qui couvre près d’un demi-million de pieds carrés de forêt mature au cœur d’un corridor vert de plus de 15 hectares.
La pétition interpelle également le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, organisme responsable de la délivrance des certificats d’autorisation.
Elle y fait notamment valoir que «le prolongement d’un boulevard n’est pas une solution durable aux défis que posent aujourd’hui la congestion routière, les émissions de GES [gaz à effet de serre] et la pollution».
Enfin, les pétitionnaires exigent que soient tenues une séance d’information et une consultation publique au début 2015, question «de permettre aux résidents du quartier de formuler des propositions d’aménagement alternatives à la destruction d’un boisé exceptionnel».
Une passerelle
En lieu et place d’un boulevard, le groupe de pression propose plutôt l’aménagement d’une passerelle, qui compléterait le lien cyclable de part et d’autre de la voie ferrée du Canadien Pacifique.
On veut ainsi que ce secteur devienne le point de jonction du transport actif à Laval, peut-on lire dans le libellé de la pétition.
«L’administration actuelle veut repenser Laval et je pense qu’elle doit le faire en favorisant le transport actif et collectif et non pas en favorisant la voiture individuelle», soutient Daniel Desroches, dont l’organisme a reçu l’appui du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval.
Un quartier TOD
Le parachèvement du boulevard du Souvenir est d’autant contre-productif aux yeux de M. Desroches qu’il va à l’encontre des principes mêmes du Transit Oriented Development (TOD), desquels s’inspire le concept de planification et d’aménagement «Évolucité», lancé par la Ville de Laval en 2011.
«On a tout ce qu’il faut pour faire un quartier TOD», poursuit-il, en mentionnant la présence de la station intermodale de la Concorde, où convergent le métro, le train de banlieue et le réseau d’autobus de la STL.
La solution qu’il propose pour désengorger le boulevard de la Concorde est l’alternance entre une voie réservée pour le transport collectif, durant les heures de pointe, et le stationnement autorisé en bordure de rue.
Le CRE réagit
De croire que le raccordement du boulevard du Souvenir diminuera la congestion sur le boulevard de la Concorde relève d’une vision «complètement dépassée» de l’aménagement du territoire, réagit le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval.
«En 2014, la solution à la congestion routière ne doit plus passer par la construction de nouveaux axes routiers, mais bien par une amélioration de l’efficacité des transports actifs et collectifs», fait valoir son directeur général, Guy Garand, dans un communiqué, publié le 11 juillet.
À cet égard, il rappelle le projet de bus à haut niveau de service (BHNS), que projette la Société de transport de Laval (STL) sur les boulevards de la Concorde et Saint-Martin.
M. Garand termine en soulignant que le boisé du Souvenir est un «capital naturel important» à préserver dans la poursuite des «objectifs de conservation des milieux naturels et de couvert forestier auxquels Ville de Laval a souscrit, en 2012, via le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD)».
Pas avant 2016
Au cabinet du maire, on informe que le parachèvement du boulevard du Souvenir n’est pas prévu avant 2016 et que d’ici-là, plusieurs étapes restent à franchir, dont la tenue d’une consultation citoyenne.
«Il y a loin de la coupe aux lèvres», affirme son porte-parole, François Brochu, évoquant, également, l’étude environnementale subordonnée à l’obtention d’une autorisation ministérielle et le processus d’expropriation, le boisé appartenant à des intérêts privés.
Pour le moment, la direction générale n’écarte aucun scénario, y compris celui d’un passage en tunnel sous le boisé, déclare M. Brochu. «Ça démontre notre intention de faire le maximum pour préserver ce milieu naturel. Le tout se fera dans le respect de la volonté des citoyens et de l’environnement.»