Après Stéphane Boyer, Michel Trottier, Sonia Baudelot et Michel Poissant, tous chefs de leur parti respectif, un candidat indépendant annonçait le mois dernier qu’il briguera la mairie de Laval, le 7 novembre prochain.
Il s’appelle Nicolas Lemire, étudie à temps plein à la maîtrise en urbanisme et aspire à remplacer le maire Marc Demers à la tête de la 3e grande ville du Québec.
Observateur avisé de la scène municipale lavalloise qu’il commente régulièrement sur son blogue Facebook Pas le maire de Laval, Nicolas Lemire est l’instigateur du manifeste politique «Tout est possible» pour la transition socio-écologique sur l’île Jésus, qu’il lançait plus tôt ce printemps.
«Mon but, c’est de prouver qu’on peut faire de la politique différemment et que ça peut mener à quelque chose», explique le candidat âgé de 25 ans. Il soutient qu’une candidature indépendante dans une ville d’importance peut être «pertinente et sérieuse», convaincu qu’il y a de la place à Laval pour «un véhicule politique progressiste, écologiste et indépendant».
Tribune
Bien qu’il soit plus probable pour un indépendant de se faire élire comme simple conseiller, ce qu’il aurait très bien pu tenter de faire dans son district natal de Saint-François, Nicolas Lemire cherche avant tout à promouvoir «un projet de société ambitieux», voire élever le débat démocratique. Et en ce sens, la course à la mairie lui offre une tribune de choix.
«L’objectif absolu est que les Lavallois aient au moins une option progressiste et écologiste sur leur bulletin de vote», fait-il valoir.
Cela dit, l’aspirant maire invite toujours les quatre chefs de parti en lice à s’approprier les propositions contenues dans son manifeste, devenu depuis sa plateforme électorale.
Citoyen engagé et influent
Nicolas Lemire cumule bénévolement les fonctions d’administrateur, webmestre et agent des communications au Comité de Citoyens pour des Transports Collectifs dans l’Est de Laval (CoCiTCEL).
Très actif sur les médias sociaux, il anime et administre depuis 2018 la page Facebook Pas le maire de Laval.
«Si j’étais un parti, je serais le 3e parti le plus aimé à Laval», glisse-t-il au passage en référence à ses 1510 mentions «J’aime», qui excèdent de quelque 250 mentions le total du Mouvement lavallois.
En fait, il pourrait se targuer d’avoir plus d’abonnés que le parti au pouvoir, la seconde opposition, Action Laval, et le nouveau parti Laval citoyens. Avec 1650 personnes qui suivent sa page et s’intéressent à son contenu et ses mises à jour, cet électron libre lavallois arrive bon deuxième, derrière l’opposition officielle Parti Laval.
Seconde tentative
En foi de quoi, le jeune candidat à la mairie de Laval a pris du galon depuis sa première tentative en 2017. Alors âgé de 21 ans, il n’avait récolté que 375 votes, comptant pour un tiers d’un pourcent (0,34 %) des 109 872 bulletins validés. «J’étais marginal», se rappelle celui qui entend, cette fois-ci, obtenir l’autorisation pour récolter des dons sur le Web et créer un site officiel pour la campagne électorale.
D’ici l’ouverture de la période de dépôt des déclarations de candidature à Élections Québec, le 17 septembre, pourrait-il considérer une offre tardive d’un parti en lice qui souhaiterait le recruter ?
«Faudrait que ce soit une méchante belle offre», lâche Nicolas Lemire, qui imposerait comme condition que le parti s’engage dans la voie de son manifeste.
Programme
Au dévoilement du manifeste, le 13 avril, l’auteur disait avoir fait une synthèse «des idées de longue date et des initiatives suggérées au cours d’échanges citoyens», tout en précisant que «ces revendications rejoignent celles de plusieurs organismes».
Fortement inspiré par un «sentiment d’urgence face aux enjeux sociaux et écologiques», le principal intéressé souligne le fait que plus de la moitié des 48 propositions retenues ont une portée environnementale.
Parmi celles-ci, notons la mise en œuvre d’un réseau d’autoroutes cyclables nord-sud et est-ouest reliant les quartiers, les espaces verts et les pôles d’emploi, et ce, aussi bien en site propre que le long de grands axes routiers.
De l’avis même de son auteur, le manifeste suggère d’élever Laval au rang de «référence nord-américaine de la transition socio-écologique».
Idées phares
Trois idées phares émergent de sa plateforme, à savoir un programme intégré visant la plantation d’un million d’arbres en dix ans, le déploiement d’un métro léger en surface et la création d’agoras de quartier.
Fer de lance de sa vision, le Réseau Express Lavallois (REL) reposerait sur trois lignes de tramway dans les axes des boulevards Concorde/Notre-Dame, des Laurentides et Curé-Labelle/Dagenais.
Le 3e et dernier projet consisterait à mettre en place une dizaine de maisons citoyennes qui serviraient de lieu de débats et de cocréation, contribuant ainsi à «instaurer une culture politique et démocratique unique au Québec», signale celui qui, une fois élu, réduirait le salaire du maire de 60 %.
Interdictions
Par ailleurs, le candidat veut interdire toute nouvelle station d’essence sur le territoire, évoquant du coup la vive contestation citoyenne qu’avait suscité en 2019 un changement de zonage pour autoriser la construction d’un poste d’essence en bordure de l’avenue Marcel-Villeneuve dans Saint-François.
Puis, en matière d’aménagement et de développement, question de freiner l’étalement urbain, les projets de maisons unifamiliales ne verraient jamais plus le jour sur le territoire.
«Une idée audacieuse, mais ce n’est rien de farfelu», précise l’étudiant en urbanisme. Il cite en exemple Minneapolis, cette grande ville de l’État du Minnesota dans le Midwest américain qui aurait agi en ce sens.
On peut consulter le manifeste «Tout est possible», on clique ici.