Cette fois-ci, le projet de Trudel Studios de faire de l’est de Laval une plaque tournante de l’industrie cinématographique et télévisuelle est bel et bien mort et enterré.
Si le cabinet du maire y va d’une réponse équivoque quant à savoir si le controversé projet pourrait un jour renaître de ses cendres comme ce fut le cas à l’automne 2023, le principal intéressé, lui, n’y va pas par quatre chemins.
«À Saint-François, c’est mort! J’ai tiré un trait, c’est tout», tranchait le promoteur Michel Trudel au téléphone le 14 janvier en après-midi.
La veille, la Ville de Laval annonçait que l’entente convenue entre les parties pour la vente du terrain municipal où devait s’implanter un méga-complexe de studios de production prenait fin «en raison du non-respect par le promoteur de certaines modalités».
En clair, Trudel Studios devait se porter acquéreur du terrain au coût de 32,1 M$ avant le 1er décembre 2024. «Cette condition n’ayant pu être remplie par l’acheteur, la promesse d’achat est devenue nulle et non avenue», signifiait l’administration municipale dans un communiqué publié sur son site.
M. Trudel en a fait son deuil: «C’est fini. J’ai redonné le terrain à la Ville; ça se fera pas à Saint-François.»
Quant à la rumeur à l’effet qu’il songerait à relancer son projet à Boisbriand ou Sainte-Julie, le promoteur Michel Trudel a rapidement démenti, affirmant que c’est une boutade qu’il avait lancée à des proches. «Je vais nulle part pour l’instant», soutient celui qui préfère laisser retomber la poussière.
Poursuite
Puis, évoquant la poursuite déposée par les environnementalistes qui s’opposaient au projet, le président de Trudel Studios ajoute: «J’ai tout fait ce que j’avais à faire; je voulais amener un projet de 200 millions et [attirer] des productions américaines. J’peux pas faire plus que ça.»
Chef aux Affaires publiques à la Ville, Philippe Déry est d’avis que «la contestation judiciaire du zonage et de la vente du terrain pourrait avoir contribué à créer un climat d’incertitude qui aurait impacté les conditions d’investissement et de réalisation du projet» avec pour résultat que «l’acte de vente du terrain n’a pu être signé dans le respect du délai prévu», .
Un peu avant minuit hier soir, dans un retour de courriel, le porte-parole officiel du parti d’opposition Action Laval, Frédéric Mayer, tenait pour responsable «un petit groupe de citoyens radicaux qui s’oppose à tout type de développement». Cette formation politique trouve regrettable «que monsieur Trudel ait décidé de mettre fin à son projet à Laval», rappelant que le terrain qui devait l’accueillir est voué au développement depuis des décennies.
Réaction des opposants
Pour leur part, les requérants y voient «une grande victoire pour les citoyens engagés dans la défense de l’environnement et la préservation des terres agricoles», eux qui s’objectaient à l’implantation d’un projet industriel sur d’anciennes terres cultivées en bordure de la zone agricole permanente.
«Les générations futures nous remercieront de prioriser l’environnement et le bien-être collectif», a réagi par communiqué le co-porte-parole de la Coalition de Mobilisations citoyennes environnementales de Laval (CMCEL), Jonathan Tremblay. Ce dernier souhaite que ce dénouement soit annonciateur d’«un avenir où la planification durable et la participation citoyenne seront au cœur des décisions municipales».
Également parmi les demandeurs, Jimmy St-Germain, porte-parole du groupe citoyen St-François – Écosystèmes et résilience, a fait valoir que «ce tournant marque une opportunité pour Laval de devenir un modèle en matière d’aménagement durable et de gestion responsable de son territoire».
Déni de démocratie
Bien que le Parti Laval dénonce depuis le jour un le site qui avait été retenu, son leader, Claude Larochelle, refuse de se réjouir de la tournure des événements.
«On est face à un échec de l’administration Boyer qui a voulu contourner l’opposition citoyenne en utilisant des moyens détournés pour soustraire le changement de zonage à la procédure de référendum, a-t-il réagi au téléphone. Et ça leur a pété dans la face».
Il rappelle, entre autres, l’annulation in extremis de la procédure d’enregistrement liée à un éventuel scrutin référendaire à l’automne 2022 et la stratégie de modifier l’affectation au schéma d’aménagement et d’adopter un règlement de concordance en janvier 2024, ce qui allait mener à une demande de pourvoi en contrôle judiciaire en nullité de règlements au printemps de la même année. «Ça, c’était vraiment un détournement de démocratie», déplore-t-il.
La Ville persiste et signe
Le maire Stéphane Boyer étant indisponible pour une entrevue, hier, la directrice des communications de son cabinet, Gabrielle Brais Harvey, a indiqué au Courrier Laval qu’il ne considérait pas la demande de la CMCEL de «retirer» les deux projets de règlement faisant l’objet d’une contestation judiciaire.
«Ayant mené l’ensemble du processus requis de façon rigoureuse, nous considérons toujours que les modifications réglementaires adoptées dans le cadre du projet sont valides et respectent le cadre législatif et réglementaire ainsi que l’intérêt du public. Ce point continuera d’être défendu dans le cadre du processus judiciaire en cours», nous a-t-elle écrit.
Annonce tardive
Entre la fin de l’entente impliquant la Ville et Trudel Studios, le 1er décembre, et l’annonce officielle de celle-ci, le 13 janvier, il s’est écoulé près d’un mois et demi, période au cours de laquelle s’est tenue une première audience sur la recevabilité du recours intenté par les citoyens et environnementalistes.
Comment justifier ce délai ?
Par courriel, le chef aux Affaires publiques, Philippe Déry, nous écrit que «la Ville a souhaité favoriser un dénouement favorable aux deux parties en allouant de façon raisonnable au promoteur un délai maximal supplémentaire de quelques jours pour réunir les conditions requises, dans le respect des paramètres de l’entente, vu l’importance de la transaction.»
«Une fois ce délai écoulé, Trudel Studios a été avisé que l’entente prenait fin, après quoi la ville a procédé à l’annonce, en tenant notamment compte de la fermeture de nos bureaux durant la période des Fêtes», termine-t-il.
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