L’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Afeas) et son Comité inter-associations pour la valorisation du travail invisible (CIAVTI), dont est membre l’ex-députée de Laval Nicole Demers, ont dévoilé leurs cinq nouvelles trousses éducatives pour mettre en lumière l’importance et les impacts du travail invisible dans la société.
Créées dans l’objectif «d’opérer une transformation des mentalités», les trousses abordent cinq thématiques distinctes, telles que Le travail invisible, ça compte!, ainsi que le travail invisible des personnes proches-aidantes, femmes immigrantes, productrices agricoles et femmes dans le monde.
Chacune d’entre elles contient une capsule vidéo, une fiche informative et des pistes d’animation participative destinée aux adolescents et adultes.
«Elles peuvent être utilisées individuellement ou ensemble, puisque le contenu a été construit de manière non-redondante», précise Marianne Pertuiset-Ferland, responsable provinciale de la mobilisation à l’Afeas.
Valoriser le travail invisible
En 1992, Statistique Canada estimait que la valeur annuelle du travail non rémunéré représentait entre 34% et 52,2% du Produit intérieur brut (PIB), soit entre 235 et 374 milliards $.
Ainsi, dans son manifeste, le CIAVTI revendique notamment l’intégration de cette valeur au PIB canadien.
«Le travail invisible est essentiel au fonctionnement de la société et à l’accomplissement du travail dit productif, partage Marianne Pertuiset-Ferland. C’est donc une étape importante pour reconnaître sa valeur.»
Toutefois, selon Nicole Demers, l’atteinte de cet objectif s’est complexifiée depuis que le gouvernement Harper a aboli le formulaire détaillé du recensement canadien qui comprenait la question sur le travail non-rémunéré.
«On n’a plus aucune idée de combien d’heures de travail invisible se font au Canada et au Québec chaque année», regrette-t-elle.
Charge mentale
Pour Nicole Demers, la reconnaissance du travail non-rémunéré ou sous-rémunéré permettrait également de démystifier la charge mentale «vécue par une grande majorité de femmes».
«C’est particulièrement épuisant de se demander constamment si une tâche sera faite si ce n’est pas nous qui la faisons», partage-t-elle.
En 2015, la proportion de femmes (89,9%) ayant effectué des tâches ménagères était supérieure à celle observée chez les hommes (76,2%), et ce, pour une moyenne de 36 minutes de plus par jour.
«Ça pénalise l’épanouissement personnel, professionnel, social et économique des femmes et ça les place en situation de vulnérabilité», soutient Marianne Pertuiset-Ferland.
Ainsi, l’ex-député de Laval espère que la question sera abordée sérieusement par les gouvernements du Québec et du Canada.
«Il faut absolument que ça devienne une loi, quelque chose de tangible», conclut-elle.